Bienvenue… en prison

Une modification de la législation permet de placer en détention les demandeurs d’asile. Une trentaine de pays figureraient sur la « liste noire » de l’administration.

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Guerre oblige, les patrouilles de sécurité ont été multipliées à l’entrée des grandes villes américaines, et le FBI (Federal Bureau of Investigations) a commencé, voilà deux semaines, à interroger un à un les 11 000 résidents nés en Irak. Mais ils ne sont pas les seuls, en ce moment, à être dans le collimateur de l’administration Bush : les Algériens, Tunisiens, Marocains, Thaïlandais ou encore les Ouzbeks y réfléchiront désormais sûrement à deux fois avant de faire une demande d’asile politique. Une modification de la législation, rendue publique le 17 mars par Tom Ridge, secrétaire à la Sécurité nationale, autorise en effet à placer en détention les demandeurs d’asile originaire d’un certain nombre de pays en attendant que leur cas soit examiné. Ce qui peut prendre plus de six mois…
Washington affirme vouloir ainsi empêcher d’éventuels terroristes d’user de ces demandes d’asile pour pénétrer sur son sol. Et de citer notamment le cas de l’Égyptien Omar Abdel Rahman, qui a voulu détruire le siège des Nations unies à New York en 1995. Le gouvernement a diplomatiquement refusé de nommer les pays figurant sur sa « liste noire ». Selon le New York Times daté du 1er avril, les organisations de défense des droits civiques en auraient identifié une trentaine, « grâce à des contacts officieux avec les autorités ».
Nombre d’officiels des Nations unies se sont évidemment émus de cette décision, prise trois jours avant le début de la guerre en Irak. Parmi eux, Ruud Lubbers, à la tête du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), pour qui cette façon « de lier les demandes d’asiles et les réfugiés au terrorisme est dangereuse et infondée ». L’Américaine Doris Meissner, qui fut commissaire à l’immigration de 1993 à 2000, a quant à elle dénoncé « la propension de l’actuel gouvernement à fonder la culpabilité de quelqu’un sur son pays d’origine ». La grande majorité des États « suspects » est en effet arabe ou musulmane. L’administration, qui ne semble pas décidée à faire marche arrière, tempère les critiques en arguant du fait que cette mesure ne concerne que 600 demandes d’asile sur les 58 000 qui lui sont faites chaque année. À Washington, le principe est à la mode : mieux vaut prévenir que guérir.

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