RDC : Albert Yuma évincé de la présidence de la Gécamines

Ce proche de Joseph Kabila, figure incontournable de la vie économique et politique congolaise, a été débarqué de la présidence du conseil d’administration de la Gécamines. Une ordonnance du président Tshisekedi a annoncé son remplacement par Alphonse Kaputo Kalubi.

Albert Yuma Mulimbi a été débarqué de la présidence du conseil d’administration de la Gécamines, le 3 décembre 2021. © Vincent Fournier/JA

Albert Yuma Mulimbi a été débarqué de la présidence du conseil d’administration de la Gécamines, le 3 décembre 2021. © Vincent Fournier/JA

SYLVESTRE-TREINER Anna DSC_9446 copie

Publié le 4 décembre 2021 Lecture : 2 minutes.

C’est une annonce surprise qui a été faite à la télévision nationale dans la soirée du vendredi 3 décembre. Selon une ordonnance présidentielle lue par Kasongo Mwema, le porte-parole de Félix Tshisekedi, Albert Yuma Mulimbi est débarqué de la tête de la Gécamines. Un petit tremblement de terre dans le milieu politico-économique congolais, tant la Gécamines est synonyme de puissance et Albert Yuma, un homme incontournable.

Connu pour être proche de Joseph Kabila, sous le mandat duquel il était parvenu, en 2010, à la direction du conseil d’administration de l’entreprise minière étatique du pays, ce Katangais entretenait officiellement de bonnes relations avec Félix Tshisekedi depuis son arrivée au pouvoir, en 2019. Il avait même été un temps pressenti pour être le Premier ministre de l’éphémère coalition entre le FCC et Cash, mais le président s’y était opposé.

la suite après cette publicité

Avertissement

Si l’entente entre Albert Yuma et l’actuel chef de l’État était « parfaite » selon plusieurs témoignages, elle était néanmoins bien plus tumultueuse avec certains conseillers de Félix Tshisekedi. En décembre 2020, Albert Yuma avait déjà écopé d’un « avertissement » en se voyant ravir durant quelques semaines l’autre poste clé qu’il occupe : la direction de la Fédération des entreprises du Congo (FEC).

Ce sinophile assumé gênait et agaçait certains acteurs. S’il a lui-même fait une partie de ses études en Belgique, il n’hésitait pas à critiquer publiquement la prédation des Occidentaux sur les richesses minières congolaises, et préférait travailler avec les Chinois.

L’Américain Peter J.Pham, ancien envoyé spécial des États-Unis, jamais avare en commentaires, s’est immédiatement réjoui du départ d’Albert Yuma, saluant l’illustration d’une « rupture » avec l’ère Kabila.

la suite après cette publicité

Gestion trouble

Il était également reproché à Albert Yuma sa gestion de l’entreprise minière. Depuis plusieurs années, des enquêtes d’ONG dénoncent de présumés détournements de fonds et des accords passés avec le sulfureux homme d’affaires Dan Gertler, lui aussi proche de Joseph Kabila. Début septembre, l’étau semblait se resserrer. L’Inspection générale des finances (IGF) avait lancé un audit sur les conditions de vente et de cession des actifs miniers de la Gécamines depuis 2010. Son nom était par ailleurs cité dans « Congo Hold-up », une vaste enquête menée par un consortium de 19 médias et ONG sur des détournements de fonds présumés de Joseph Kabila et ses proches. 

Albert Yuma est remplacé par Alphonse Kaputo Kalubi, un homme peu connu, issu de la Gécamines. La direction de l’entreprise a aussi été changée, avec l’arrivée de Thambwe Ngoy à la direction générale, et de Léon Mwine Kabiena, nommé directeur général adjoint.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

RDC : quand la Gécamines s’éveillera…

RDC : la Gécamines à un tournant

RDC : les premiers éléments de l’audit de la Gécamines

Contenus partenaires