Les Go de Bamako, six Maliennes aux platines
Fraîchement formé dans la capitale malienne, ce groupe 100% féminin s’est produit lors du festival Africolor début décembre en région parisienne et sera sur scène au Blonba le 14 décembre. Avec deux mots d’ordre : émancipation et sororité.
« Chanter, c’est travailler », affirme Mounine Cercely Soumano, alias Diya, benjamine des Go de Bamako. Du haut de leur vingtaine d’années, les quatre chanteuses du groupe que forment Diya donc, Aminata Camara, Salimata Sakiliba et Safiatou Koné, comptent bien défendre les femmes artistes en Afrique, et les valeurs du travail au féminin. « Travail », en bambara « Barra », est d’ailleurs le titre de leur premier album, à paraître dans les prochains mois.
« En Afrique de l’Ouest, les femmes sont délaissées. On nous fait croire que leur rôle se joue uniquement à la maison, on veut prouver le contraire dans nos textes et sur scène ». Émancipation et sororité… Une équation qui a le vent en poupe ces dernières années dans le paysage de la musique africaine. Avant elles, les Amazones d’Afrique, puis les Mamans du Congo et bien avant encore, les Go de Kotéba, trio de chanteuses et danseuses né à Abidjan en 1993, ont prouvé que les femmes avaient toute leur place sur le devant de la scène.
Entre tradition et électro
C’est grâce à la Mousso Académie que leur projet a pu voir le jour en mai dernier au Mali. Créée en 2019 par la griotte et féministe Naïny Diabaté et par Alioune Ifra Ndiaye, acteur important de la scène culturelle, cette structure a pour but de pallier le manque de représentation des femmes sur la scène musicale locale. Les six artistes en herbe, pour la plupart issues de zones rurales, ont bénéficié de quelques semaines de résidence au sein du centre culturel BlonBa, à Bamako, sous la direction artistique de Maaté Keita, ancienne membre des Go de Kotéba. « Elle nous a appris à faire des harmonies, à chanter et à danser en même temps », détaille Diya.
Au lieu de faire appel à des DJs européens, elles ont pris elles-mêmes les commandes des machines
Les Go de Bamako exploitent une recette gagnante : la musique fusion, entre tradition et électro. Mais là où de nombreuses créations misent sur une collaboration nord-sud en faisant généralement appel à des DJs européens, elles n’ont pas hésité à prendre les commandes des machines. Un poste souvent réservé aux hommes. Alors qu’elles n’avaient jamais touché une table de mixage avant la formation, Marie-Joseph Diakite a.k.a DJ Majo et DJ Fantastik accompagnent les chants mandingues des Go à coups de beats électro.
« En Afrique, on est habitués à chanter avec des instruments, glisse Diya, qui a commencé sa jeune carrière en tant que soliste de blues malien. C’était nouveau pour nous cette façon de travailler la musique, il a fallu que l’on s’accorde toutes et que l’on s’écoute pour trouver nos repères sur les productions électro. Mais à force de répétitions et de bonne entente, ça a fini par payer. » Après son passage à Africolor, le girl’s band compte bien défendre le fruit de ce travail collectif au pays, avec une première date le 14 décembre dans le centre culturel qui les a vu naître.
Le festival Africolor se tiendra jusqu’au 22 décembre avec, entre autres, les Super Mama Djombo, groupe légendaire de l’indépendance de la Guinée-Bissau, qui joueront pour la première fois sur scène depuis trente ans le 18 décembre au Nouveau Théâtre de Montreuil, et les Guinea Music All Stars, pour un concert de clôture à la Courneuve.
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