Côte d’Ivoire : les (bons) points sécurité

Près de 27 000 ex-combattants ont été désarmés et intégrés dans la police, l’armée et diverses administrations de la Côte d’Ivoire. Résultat : les braquages et les attaques violentes sont en nette régression.

Exercice d’entraînement à la lutte antiterroriste à l’école de police d’Abidjan. © Sia Kambou/AFP

Exercice d’entraînement à la lutte antiterroriste à l’école de police d’Abidjan. © Sia Kambou/AFP

Publié le 15 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Attirer les investisseurs, relancer durablement l’économie : deux missions impossibles si la sécurité n’est pas assurée. Bien conscientes du problème, les autorités ont engagé une vaste réforme du secteur et surveillent les indicateurs avec une attention mêlée, ces derniers temps, d’une certaine satisfaction.

L’indice d’insécurité a en effet fortement baissé en deux ans. Cet outil de mesure – qui tient compte, entre autres, des braquages, des attaques de domiciles ou de commerces, des agressions de rue, des vols de véhicules, des accidents de la circulation et du phénomène des coupeurs de route – est passé de 3,8 en janvier 2012 à 1,3 aujourd’hui, se réjouit Bruno Koné, le porte-parole d’un gouvernement dont l’objectif est de ramener cet indice à 1.

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Malgré la normalisation politique, la situation sécuritaire reste fragile

Pour Daniel Kablan Duncan, le Premier ministre, ces résultats expliquent le retour de bon nombre d’institutions délocalisées lors des années de crise politico-militaire, comme la Banque africaine de développement (BAD), ou l’arrivée de nouvelles, comme l’Unesco, qui a ouvert un bureau en septembre dernier.

Autant d’implantations qui permettront de « créer des emplois pour la jeunesse », a pronostiqué Alassane Ouattara lors de ses voeux de fin d’année. Et qui devraient rassurer et attirer dans leur sillage les investisseurs privés.

Coupeurs de route

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Mais pour en arriver là, le chemin a été long et il est loin d’être achevé. Malgré la normalisation politique, la situation sécuritaire reste fragile. Une décennie de crises a favorisé la circulation des armes légères. D’où l’apparition de coupeurs de route qui sévissent le long des grands axes et même dans certaines agglomérations, rendant les déplacements difficiles. Ce phénomène pourrait être « lié au chômage des jeunes », a affirmé le chef de l’État en novembre à Bouaké, fief de l’ex-rébellion. Avant d’appeler ces derniers « à rendre les armes et à s’inscrire dans le programme DDR [désarmement, démobilisation et réinsertion] ».

Selon Alassane Ouattara, 27 000 anciens combattants avaient été pris en charge fin décembre 2013 par l’Autorité de désarmement, démobilisation et réinsertion (ADDR). Ils ont été intégrés dans divers corps (armée, sapeurs-pompiers, administration pénitentiaire, régie financière, Eaux et Forêts) ou orientés vers des activités génératrices de revenus (agriculture, élevage, artisanat, commerce, etc.). À en croire le gouvernement, près de la moitié des ex-combattants sont donc désarmés et réinsérés.

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« Mon objectif est que les 60 000 à 65 000 jeunes gens à démobiliser le soient pour la fin de l’année [2014] », a proclamé, à Bouaké, le président. Qui a maintenu son objectif de création d’un million d’emplois d’ici à 2015.

Opération Téré

Parallèlement aux efforts de désarmement et de réinsertion, le gouvernement ivoirien a lancé en novembre 2013 l’opération Téré, qui associe militaires, forces de police et gendarmerie pour réduire les poches résiduelles d’insécurité dans certaines zones du pays.

À Abidjan, la lutte contre le grand banditisme est confiée à des unités spéciales de sécurité. Assistées par vidéosurveillance, les patrouilles motorisées du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) et de la Force de recherche et d’assaut de la police (Frap), placées sous le contrôle de Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, quadrillent la capitale économique de jour comme de nuit.

Les résultats de ces efforts multiformes semblent encourageants. « Il y a de moins en moins d’agressions sur les routes et dans les villes », témoigne un commerçant qui emprunte régulièrement l’axe Abidjan-Bouaké. Mais en dépit des progrès réalisés, le gouvernement reconnaît qu’il doit continuer à améliorer la situation sécuritaire pour mettre en confiance les investisseurs.

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