RDC : Kinshasa colonisée par le béton
En quarante ans, la RDC a connu une forte croissance urbaine, qui s’est accompagnée d’une disparition importante des espaces verts. Un phénomène particulièrement flagrant dans la capitale.
RDC, un géant convalescent
Clarification politique, embellie économique, dynamisme de la société civile… Tout semble réuni pour que ce pays immense au potentiel énorme sorte enfin de l’ornière.
À l’exception de quelques quartiers de la commune de la Gombe, de Binza, de Ma-Campagne et des zones périphériques semi-rurales, Kinshasa est de moins en moins verte. Les espaces agricoles et espaces verts tendent à disparaître. Les raisons ? Dans certains cas, les arbres ont été coupés pour élargir les grandes artères, tels que le boulevard du 30-Juin à la Gombe et le boulevard Lumumba à Limété-résidentiel, où ils ont été partiellement remplacés.
Le nombre d’octroi de titres de propriétés et de permis de construire s’est par ailleurs multiplié, même dans des zones où c’est interdit. Résultat, les espaces verts cèdent peu à peu la place à des immeubles et à des zones résidentielles. Ainsi, le site d’eucalyptus de Ndjili déboisé, l’espace maraîcher de Bandalungwa a été remplacé par la cité de l’Oasis. Même la baie de Ngaliema et la rive du fleuve Congo entre la Primature et le port de Marsavco sont menacées.
Le projet « 1 milliard d’arbres en 2023 » lancé en 2019 par Félix Tshisekedi ne semble pas encore avoir été entendu
Plus de stations-service, moins d’écoles
Le lotissement de grandes parcelles par leurs propriétaires, sans respect des règles du code de l’urbanisme, a également favorisé la disparition des jardins. « Aujourd’hui, plus de 90 % de l’espace de certaines parcelles sont bâtis », déplore Jean Mangalibi, coordonnateur de l’association les Amis de la nature. Autre tendance inquiétante, le doublement du nombre de stations d’essence en deux ans. Sur 7 km le long de la route des Poids-Lourds, 12 stations-service ont été installées, alors que la norme est d’une station tous les 11 km. Dans d’autres quartiers, elles remplacent des écoles.
La responsabilité de la « minéralisation » de la capitale incombe à l’État et à la province de Kinshasa, qui laissent faire. Qu’en pensent les Kinois ? « On a d’autres préoccupations comme se déplacer, avoir de l’électricité et de l’eau, trouver du travail », répond une habitante. « Les Kinois qui ont la passion de la nature sont minoritaires. C’est à l’État et à la province de donner l’impulsion », réagit Jean Mangalibi. Le projet lancé en 2019 par le président Félix Tshisekedi de planter 1 milliard d’arbres pendant son quinquennat (« 1 milliard d’arbres en 2023 ») ne semble pas encore avoir été entendu à Kinshasa.
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