Moubarak fait un geste démocratique

Publié le 7 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Le président égyptien Hosni Moubarak a toujours maintenu l’état d’urgence depuis l’assassinat de son prédécesseur, Anouar al-Sadate, en 1981. Depuis lors, un Parlement aux ordres en a fait le seul candidat à la réélection, conforté par des référendums organisés avec un mélange de paternalisme et de coercition. L’armée et les services de renseignements sont les piliers du régime, comme dans presque tous les pays arabes.

Mais l’Égypte, premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël, en 1979, et intermédiaire essentiel depuis, a le soutien des États-Unis et de leurs alliés, comme la monarchie absolue et fondamentaliste qui règne sur l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole. Washington a versé au Caire une moyenne de 2 milliards de dollars (1,52 milliard d’euros) par an
depuis 1979 – dont 1,3 milliard de dollars d’aide militaire – et annulé plus de 20 milliards de dollars de dette depuis la guerre du Golfe de 1991, au cours de laquelle l’Égypte a supervisé les alliés arabes de la coalition qui a chassé Saddam Hussein du Koweït.
Après l’invasion de l’Irak, lorsque George W. Bush a
proclamé haut et fort son ambition d’étendre la liberté dans tout le Moyen-Orient, Moubarak a pu se dire qu’un geste d’allure démocratique ferait bonne impression à la Maison Blanche et au Congrès, qui doit approuver l’aide étrangère. Mais les choses changeront-elles en Égypte ?

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Il y a quelques semaines, Le Caire a jeté en prison Aymar Nour, un jeune député qui venait de créer un parti d’opposition. Le seul mouvement qui ait en Égypte des racines populaires, les Frères musulmans, est interdit. Moubarak se plaît à expliquer à ses visiteurs que l’Égypte n’est pas la Scandinavie. Développons d’abord une classe moyenne, dit-il, et nous aurons alors des gens avec qui dialoguer. C’est du pur bla-bla. Dans la campagne qu’il a menée pour réprimer un soulèvement islamiste, Moubarak a fait le vide sur la scène politique, ne laissant aux opposants qu’une mosquée comme point de ralliement et des perspectives théocratiques.
Tout ce qui fera bouger ce despotisme figé est donc positif, et peut créer une dynamique que même une dictature aussi ancrée et jouissant de tels soutiens extérieurs ne pourra entièrement contrôler. Mais le progrès sera mineur si l’ouverture ne s’accompagne pas d’une floraison de partis légaux et de médias indépendants, et de la fin de l’oppression politique.

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