Mai 2007, l’US Air Force bombarde Istanbul…
Un best-seller témoigne du désamour turco-américain.
Publié le 7 mars 2005 Lecture : 1 minute.
Qui l’eût cru ? Entre les deux (ex)-alliés de l’Otan, la guerre fait rage. En Irak du Nord, les troupes américaines ouvrent le feu sur des commandos turcs venus protéger la communauté turkmène. Les tanks de l’US Army franchissent la frontière, anéantissent la défense adverse et se dirigent vers les mines de borax turques (60 % de la production mondiale). Mais pendant que l’aviation américaine bombarde Istanbul, un agent secret turc fait exploser une minibombe atomique dans un parc de Washington…
Depuis deux mois, Metal Firtina (« Tempête de métal ») fait un malheur en Turquie : déjà vendu à plus de cent mille exemplaires, cet ouvrage de politique- fiction, dont l’action se situe en mai 2007, est l’une des dix meilleures ventes du moment. Pour Burak Turna, son coauteur, il aurait des vertus… lénifiantes. « Nous faisons passer un message aux Américains : nous ne voulons pas que notre région sombre dans le chaos. Ce n’est pas un livre antiaméricain, mais il critique la politique des États-Unis et décrit ce qui pourrait arriver si l’on continue dans cette direction. »
L’engouement des lecteurs pour ce scénario catastrophe illustre le malaise grandissant des Turcs à l’égard de Washington. Accusé d’avoir déstabilisé les pays voisins en attaquant l’Irak et d’encourager les séparatistes kurdes – ce qui pourrait donner de (mauvaises) idées à leurs « frères » du Sud-Est anatolien -, l’allié américain est de plus en plus décrié, y compris au sein de l’establishment politique et militaire.
L’affaire de Süleymaniye y a largement contribué. En juillet 2003, l’armée américaine avait capturé dans cette ville d’Irak du Nord onze soldats turcs soupçonnés d’avoit voulu assassiner le gouverneur kurde de Kirkouk. Les Turcs s’étaient indignés du traitement humiliant infligé à leurs compatriotes : privés de nourriture, ils avaient été menottés et cagoulés comme les présumés terroristes d’al-Qaïda détenus à Guantánamo…
