L’Iran a le droit de développer son nucléaire civil
L’Iran a commencé à développer son industrie nucléaire civile en 1974, avec l’aide des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France. Une étude menée à l’époque par l’Institut de recherche de Stanford estimait que les besoins iraniens en électricité seraient de 20 000 MW en 1996. Aujourd’hui, notre programme est bien plus modeste. Nous envisageons de produire 7 000 MW d’ici à 2025.
L’Iran n’est pas le seul pays à vouloir acquérir une capacité nucléaire. Il existe actuellement 440 réacteurs commerciaux, dans 31 pays, et 284 réacteurs destinés à la recherche. Notre pays souhaite développer son nucléaire civil afin de diversifier ses sources d’énergie propre et renouvelable, comme le recommande le protocole de Kyoto. S’il n’avait pas recours aux énergies alternatives, dont le nucléaire, son développement serait sérieusement compromis. Notre consommation de pétrole est aujourd’hui légèrement inférieure à 1,7 million de barils/jour. D’ici à cinq ans ou huit ans, elle devrait croître de 7 % à 12 %, ce qui signifie que nous devrons mettre un terme à nos exportations de brut – la colonne vertébrale de nos revenus d’exportation. Quelle raison aurions-nous de nous priver d’une telle source d’énergie, en particulier quand la technologie mise en oeuvre est d’origine nationale ?
L’Iran a fait de son mieux pour convaincre le monde de ses intentions pacifiques. Nous avons signé le traité de non-prolifération nucléaire, de même que le protocole addititionnel qui autorise les inspections surprises à la demande de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Et nous nous sommes engagés à poursuivre dans cette voie. De surcroît, nous avons entamé des pourparlers avec l’EU3 – ces trois membres de l’Union européennes que sont la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – et nous avons accepté de suspendre temporairement toutes nos activités d’enrichissement afin d’établir un climat de confiance.
Après de nombreuses inspections surprises, l’AIEA a confirmé, dans son rapport de novembre 2004, que ses inspecteurs n’avaient découvert aucune preuve d’activités nucléaires secrètes ou de programmes militaires en Iran. Le rapport spécifie par ailleurs que tous les matériaux déclarés ont été utilisés comme prévu et non détournés pour des usages prohibés. Les négociations commerciales et économiques avec l’EU3 soulignent aussi les efforts accomplis de part et d’autre pour établir un climat de confiance et de loyauté.
Nous devons tous nous demander au sein de la communauté internationale : est-ce qu’un pays a le droit de poursuivre ses objectifs légitimes dans le respect des lois internationales ? Et quand un pays, l’Iran en l’occurrence, fait tout ce qu’il peut pour rassurer le monde sur ses intentions, en suspendant notamment de manière temporaire et volontaire ses activités nucléaires civiles, pourquoi est-il encore considéré comme une menace ? Nous ne devrions pas oublier qu’en la matière le point de vue qui compte, c’est celui de l’AIEA. Et pas les spéculations des uns et des autres.
* Ambassadeur de la République islamique au Royaume-Uni.
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