À l’heure du retour

Le pays fait appel à sa diaspora pour combler ses besoins en main-d’oeuvre qualifiée.

Publié le 7 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Rentrons à la maison : ainsi s’appelle la campagne inédite lancée par deux Sud-Africains, rentrés au pays après de nombreuses années à l’étranger. Financée par la First National Bank et soutenue par le gouvernement, elle veut persuader les millions de Sud-Africains émigrés – entre 4 et 5 millions – que l’herbe est plus verte… à la maison.
À la fin de l’apartheid, en 1994, des dizaines de milliers de Sud-Africains, craignant pour leur avenir, quittèrent leur patrie. Ces exilés – des Blancs pour la grande majorité -, avaient été précédés quelques années plus tôt par d’autres de leurs compatriotes qui, eux, ne supportaient pas de vivre dans un pays ségrégationniste. Avec les années d’incertitude – chômage exponentiel et violence – qui suivirent la fin de l’apartheid, le pays continua à se vider de ses enfants, Noirs et Blancs confondus.
Aujourd’hui, le travail ne manque pas. Médecins, infirmiers, instituteurs, mécaniciens sont sur la longue liste de métiers dont le pays a besoin. Les experts estiment que, dans les dix ans à venir, quelque 1,5 million de personnels qualifiés seraient nécessaires pour pallier les besoins industriels de l’Afrique du Sud. Mais beaucoup d’émigrés hésitent encore. Certains craignent que l’Afrique du Sud ne soit gagnée, à l’avenir, par le même climat que le Zimbabwe, où la redistribution des terres donne lieu à une véritable chasse aux Blancs.
La redistribution des terres est, en effet, au programme du président Thabo Mbeki, mais, jusqu’à maintenant, il y va presque à reculons, malgré la colère des agriculteurs noirs. Quelques Sud-Africains sont également déçus par le programme Black Economic Reinforcement. Cette discrimination positive à l’égard des Noirs vise à donner aux opprimés d’hier plus de poids dans l’économie du pays. Mais, d’une inégalité des races, on glisse lentement vers une inégalité des classes. Les pauvres s’appauvrissent encore plus et les revenus des riches grimpent… Les riches, toutes couleurs confondues, vivent dans des quartiers protégés de grillages électrifiés, comme autrefois les Blancs.
Pourtant, home sweet home, clament les promoteurs de la campagne. Ils avancent un taux de criminalité en baisse régulière et une qualité de vie meilleure. « Pour un salaire minimal, vous pouvez avoir une grande maison, et vos enfants pourront jouer dans votre jardin ensoleillé toute l’année, même si celui-ci est entouré de barrières, » soutient Martine Schaffer, porte-parole de la campagne.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires