Santé : pourquoi l’Afrique perd ses médecins

Les jeunes Africains en blouses blanches partent souvent parfaire leurs études à l’étranger puis y restent. Une fuite de cerveaux dramatique, surtout en période de Covid-19. Maroc, Tunisie, Rwanda et Sénégal ont mis en place des parades.

Étudiants en première année de médecine à l’hôpital de La Rabta, près de Tunis. © Andrew Testa/Panos-Rea

Publié le 22 janvier 2022 Lecture : 5 minutes.

C’est un campus rutilant, dans un quartier de Kigali, à proximité de grands hôtels, de palais des congrès et de centres commerciaux. Depuis sa création, en 2015, l’University of Global Health Equity (UGHE) accueille des étudiants de toute la sous-région, dont 70 % de filles grâce à une politique de recrutement attentive à l’égalité homme-femme.

Après avoir lancé, à ses débuts, des masters en santé publique (recrutant à bac+3), l’université, que finance notamment la fondation Bill & Melinda Gates, a ouvert des bachelors (post-bac) pour permettre à des jeunes d’entamer leurs études médicales dans l’établissement et devenir, cinq à dix ans plus tard, des médecins généralistes ou des chirurgiens.

Au Sénégal, il n’y a que 0,88 médecin pour 10 000 habitants

Ceux qui, en décembre, auront réussi leurs examens – des étudiants originaires d’Ouganda, de Tanzanie, du Burundi et de RDC – intégreront donc, dès leur première année d’études supérieures, cet établissement d’un nouveau genre. L’UGHE vise en effet à former intégralement des professionnels de santé pour un continent dont le personnel médical part souvent parfaire sa formation en Europe et en Amérique du Nord. Et qui ne revient jamais, laissant son pays d’origine en situation de sous-effectif.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il n’y avait en moyenne que 4,5 médecins pour 10 000 habitants en Afrique durant les années 2012-2016. Parallèlement, indique la fondation Mo Ibrahim, la proportion de médecins formés en Afrique a augmenté dans les hôpitaux occidentaux. Aux États-Unis, elle a crû de 27 % entre 2008 et 2018, ce qui équivaut à l’installation d’un médecin par jour – le plus souvent formé en Égypte, au Ghana, au Nigeria ou en Afrique du Sud.

Les praticiens africains francophones font, eux, le plus souvent le choix de la France, où ils suivent des filières de spécialisation hospitalière à la fin de leurs études médicales, avant de finir par s’établir dans l’Hexagone.

Hémorragie de soignants

Certains États d’Afrique subsaharienne sont particulièrement affectés par cette hémorragie de soignants. En 2019, le Sénégal comptait 0,88 médecin pour 10 000 habitants, le Burkina Faso 0,94 et le Rwanda 1,19.

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