Haro sur le business de l’aide !
Depuis que l’Aide publique au développement (APD) existe, les experts s’interrogent sur son efficacité. En quête de la « recette miracle », les représentants d’une soixantaine de pays et d’une quarantaine d’organisations ont participé à un forum autour de ce thème, du 28 février au 2 mars, à Paris.
Après une baisse continue durant les années 1990, l’APD connaît une progression depuis trois ans et a atteint, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 69 milliards de dollars en 2003 (0,25 % du PIB). Nous sommes encore loin de l’objectif promis des 0,7 %, et il faudrait au moins doubler ce montant pour atteindre les Objectifs du millénaire afin de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015 : plus de 1 milliard de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour.
Mais, outre le volume de l’aide, se pose aussi la question de son efficacité. « Ces deux questions sont en fait intimement liées, estime le président du Comité d’aide et de développement (CAD), Richard Manning. Si on veut sensibiliser les opinions publiques des pays riches et rassurer les donateurs, il faut que l’argent soit bien utilisé. » Selon Jeffrey Sachs, conseiller spécial de Kofi Annan, 35 % seulement des sommes versées aux pays les moins avancés (PMA) profitent aux populations. Pour le reste, il s’agit d’annulations de dette, de dépenses de fonctionnement, de coopérations techniques… sans parler des gaspillages. Les exemples ne manquent pas. En 2004, la Tanzanie a reçu 230 délégations étrangères : ce sont autant de frais de missions, de rapports et de procédures administratives. Quant à la Banque mondiale, elle estime à 60 000 le nombre de projets de développement actuellement en cours !
Il faut en finir avec le « business de l’aide », a déclaré Richard Manning, en clôture du Forum. Pour cela, plusieurs engagements ont été retenus. Le premier porte sur « l’appropriation » des programmes par les pays bénéficiaires pour qu’ils puissent définir leurs priorités et non plus obéir aux injonctions des bailleurs internationaux. Cela passe par une confiance réciproque et renvoie à la « bonne gouvernance ». L’autre engagement concerne l’harmonisation des politiques et leur financement dans la durée, avec, à la clé, une « logique de résultat et de performance ». « Cette rencontre de Paris a été extrêmement constructive », a déclaré le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn. Plus prudentes, les ONG attendent que les actes suivent le discours.
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