Edem Kodjo

Ancien secrétaire général de l’OUA et ancien Premier ministre togolais.

Publié le 7 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/l’intelligent : Votre parti, la Convergence patriotique panafricaine, n’a pas réagi tout de suite à l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé
Edem Kodjo : Il me semblait indécent de prendre la parole immédiatement après l’annonce du décès du chef de l’État. Cela dit, j’ai en réalité réagi, quoique de manière moins visible que d’autres. Et plutôt que de me cantonner à la contestation, je voulais mettre sur pied un plan de sortie de crise. Dès le 7 février, j’ai condamné la nomination de
Faure Gnassingbé et insisté sur la nécessité du respect de la légalité constitutionnelle, avec le retour du président de l’Assemblée nationale Fambara Natchaba. J’ai d’ailleurs demandé des garanties pour aller le chercher moi-même à Cotonou, au Bénin. Il me paraissait également important de mobiliser la communauté internationale, notamment les
pays de la sous-région. J’ai d’ailleurs personnellement contacté certains chefs d’État pour qu’ils nous aident à sortir de cette situation.
J.A.I. : Pourquoi n’avez-vous pas rejoint les autres partis de l’opposition ?
E.K. : Ils ne nous ont jamais invités à nous associer à leurs manifestations. Surtout, il me semblait plus important de faire bouger les choses au niveau de la sous-région. Par ailleurs, il faut savoir que Zarifou Ayéva, du Parti pour la démocratie et le renouveau, et moi-même sommes considérés comme des opposants modérés, peut-être trop aux yeux d’une certaine opposition. On nous reproche ainsi d’avoir participé à l’élaboration des 22 engagements entre l’Union européenne et le Togo en vue d’une reprise de la coopération. Pourquoi nous en a-t-on voulu d’avoir posé une pierre à l’édifice démocratique, d’uvrer pour le rétablissement des libertés fondamentales et des droits de l’homme ? Je ne comprends pas. Il semblerait que notre travail de terrain ait plu aux Togolais et suscité la jalousie des autres dirigeants de l’opposition
J.A.I. : Aujourd’hui, qu’avez-vous envie de dire à la classe politique ?
E.K. : Maintenant que les chefs d’État de la Cedeao ont pu constater par eux-mêmes l’amélioration de la situation, il faut que la classe politique aille aux élections rapidement. Je récuse les débats qui ont lieu en ce moment sur le délai qui serait trop court, sur les listes électorales qu’il faudrait réviser… Cette présidentielle doit être organisée le plus tôt possible. D’autant que nous avons les garanties qu’elle sera libre et transparente, grâce notamment à la présence de nombreux observateurs
internationaux.
J.A.I. : Quel rôle comptez-vous jouer dans cette transition ?
E.K. : J’ai déjà une carrière bien remplie. Je fais figure de doyen. Je vais essayer de partager mon expérience et de faire en sorte que la transition se déroule dans des conditions de paix et de sécurité, dans un esprit de réconciliation. Il nous faut bâtir ensemble des perspectives d’avenir. Tous ensemble.

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