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Du Mozambique au Sénégal, en passant par le Cameroun ou le pays dogon, au Mali… l’Afrique méconnue arrive au goût du jour.

Publié le 7 mars 2005 Lecture : 6 minutes.

Il y a les pays qui triomphent d’un côté ; et de l’autre, les oubliés. Le succès touristique du continent ignore la nuance, jouant du tout ou rien plutôt que la stratégie des petits pas. Sur les plus hautes marches du podium de la réussite, qui se mesure au nombre des visiteurs étrangers, les indétrônables Égypte, Maroc et Tunisie. Derrière, tous les autres sont à la peine : Tanzanie, Kenya ou Sénégal… Et que penser du Mali qui revendique une centaine de milliers de touristes, du Gabon, du Cameroun ou du Burkina qui ne les comptent qu’en dizaines de milliers ?
Curieusement, ces résultats ne correspondent pas toujours au potentiel de ces pays. L’Afrique regorge de ces ingrédients qui, ailleurs, assurent une vocation touristique durable : grand spectacle de la nature, parcs animaliers et faune d’exception, plages sans fin, traditions qui perdurent de manière remarquable… Hélas ! faiblesses conjoncturelles ou structurelles sapent la plupart des stratégies de développement mises en oeuvre.
Les infrastructures hôtelières, qui faisaient la fierté de la Côte d’Ivoire il y a encore une dizaine d’années, sont aujourd’hui désertées. Les plages somptueuses de la Sierra Leone, qui attiraient des milliers de vacanciers chaque année, n’attirent plus grand monde. Et le Cap Skirring, en Casamance (Sénégal), peine à renouer avec le succès, malgré un parc hôtelier de première qualité et des efforts de commercialisation à l’étranger, en France en particulier.
Quant à la faiblesse des infrastructures, elle pénalise nombre d’autres destinations. Citons pêle-mêle les liaisons aériennes trop souvent incertaines, les compagnies trop fragiles pour installer des services internationaux dignes de ce nom, la sécurité, les flottes de voitures tout-terrain, l’état des routes et des pistes…
Il n’empêche. L’Afrique subsaharienne recèle des petits coins de paradis qui justifient bien de passer outre. Au contraire, serait-on tenté de dire : le manque de succès protège la nature autant que la culture, garantit l’authenticité, promet ces voyages vrais et sincères qui triomphent aujourd’hui auprès des tour-opérateurs.
Honneur à la constance : le Sénégal maintient le cap et recueille un succès mérité pour ses plages de la Petite-Côte. Mais, désormais, les visiteurs mettent souvent le cap au nord ou sur le delta du Sine-Saloum. Dans le premier cas, Saint-Louis et la Langue de Barbarie constituent une étape obligée du séjour agrémenté de la découverte d’une ville un rien désuète, mais toujours de grand charme. La mémoire de Mermoz et de l’Aéropostale veille, autant que les images du film Coup de torchon. Il y a aussi les plaisirs de la plage, à moins de préférer ceux du désert qui, au nord, menace, ou la visite et la pause dans les villages, une pure tradition sénégalaise.
Une tradition qu’on retrouve non loin de Dakar, dans les villages qui bordent la réserve mondiale de la biosphère (un label décerné par l’Unesco). C’est le delta du Sine-Saloum. Une vaste étendue d’eau confondant Atlantique et fleuve, îles plantées de palétuviers hauts sur racines avec les colonies d’ibis et de pélicans, villages restés tels quels depuis des siècles et pirogues colorées. Les séjours nature dominent, bien entendu. Au menu : exploration des bolongs, ces bras du fleuve où terre et mer se confondent, pêche et rencontres dans une région qui ravit pêcheurs, photographes, passionnés d’ornithologie et de découvertes à l’écart des sentiers battus.
Si les deux stars du Cameroun, Douala et Yaoundé, ont vu leur étoile touristique pâlir, en revanche les vacanciers ont retrouvé le chemin des villages de grande tradition ainsi que ceux qui conduisent au spectacle du mont Cameroun. Les pentes du géant (4 070 m) attirent les randonneurs en quête de sensations inédites en pleine forêt tropicale. Toutefois, la plupart des voyageurs visent désormais le pays bamiléké, dans l’ouest du pays. En particulier autour de Bana, où il est encore d’usage d’être accueilli en grande pompe par le chef et de partager quelques instants d’authenticité.
Ouagadougou (près de 1 million d’habitants), capitale du Burkina, et Bobo-Dioulasso, son coeur économique, constituent les étapes du voyage. Même si la grande aventure préfère les chemins de l’Est, surtout ceux qui sillonnent le Parc national d’Arly et celui du W. Ici, lions, éléphants, grands singes, guépards et autres hippopotames occupent ces vastes réserves animalières. Gros avantage, une fréquentation touristique sans rapport avec celle que connaissent les réserves d’Afrique de l’Est. Voilà la promesse d’une observation tranquille des animaux.
Même si le marché de Libreville est le lieu le plus animé de la capitale du Gabon, c’est son tapis vert équatorial qui constitue le premier trésor du pays. Cap plein est, vers Franceville, fondée en 1880 par Savorgnan de Brazza. Par l’avion depuis Libreville, par la route qui longe l’Ogooué, le fleuve turbulent sur lequel naviguent des piroguiers émérites – ou, pourquoi pas, en train, à bord du Transgabonais. Impressionnant, tout de forêt dense, de savane (ne pas manquer la réserve de la Lopé avec ses éléphants, buffles, singes, antilopes…) et de villages aux traditions riches. Population kota le long de la piste, pygmées à l’abri de la canopée complètent le panorama.
Les amateurs de Sahara ne jurent désormais que par le Ténéré, au Niger. À presque 1 000 kilomètres de Niamey, la capitale, Agadez est une merveille d’architecture targuie, érigée en capitale de l’Aïr et porte grande ouverte sur le Sahara. Ici, les 4×4 croisent encore les chameaux et les hommes bleus venus en ville chercher l’indispensable, avant de rejoindre leur caravane qui chemine vers un prochain campement. Il suffit de prendre la piste pour savourer la magie du désert, le charme des nuits passées sous les étoiles, des haltes dans les rares oasis de Timia, Iferouane… et, plus que tout, cette intense émotion qu’offrent l’espace jamais compté et le silence des sables.
Inutile de résister : le marché de Bamako, l’un des plus colorés d’Afrique de l’Ouest, est un rendez-vous obligé. Boubous, artisanat bambara ou peul, poissons, fleurs et marchandages à n’en plus finir assurent une ambiance de rires et de solides poignées de main. Ensuite, le voyage peut se poursuivre. D’abord, le Parc national de Baoulé. À 120 kilomètres de la capitale, cet immense espace de savane abrite girafes, lions, éléphants et toutes les gazelles ou antilopes de la création. Ensuite, le célèbre pays dogon, avec son habitat exceptionnel accroché aux falaises de Bandiagara. Au total, plus de 700 villages maintiennent un style et des traditions demeurés intacts : danses et masques passent pour les plus beaux d’Afrique de l’Ouest.
Rendu célèbre par Cesaria Evora, la chanteuse aux pieds nus, l’archipel du Cap-Vert, qui flotte au large du Sénégal, semble vivre encore à l’écart du temps et peut-être bien du monde. São Vincente, Sal, San Nicolau, Boa Vista, Santão Antão… Autant de joyaux traversés de chemins de randonnée – sans oublier la majesté du volcan du Fogo (2 829 m) sur l’île du même nom, ou les longues plages désertes…
Les terres d’Afrique australe et orientale sont évidemment tout aussi richement dotées en itinéraires de traverse. Au Botswana (delta de l’Okavongo, safari dans les Parcs de Moremi et de Chobé), en Ouganda, pour observer les gorilles dans la forêt de Bwindi, au Malawi, avec la réserve de Vwaza Marsh, le lac Malawi et la charmante île de Likoma, en Zambie (navigation sur le Zambèze ou safari dans le Parc du Lower Zambezi, sans oublier les chutes Victoria ou le Mozambique… Justement, voilà le dernier voyage à la mode. Il consiste à faire le plein d’émotions africaines sur le continent, puis à rejoindre l’île de Benguerra (une perle de l’archipel de Bazaruto). Plaisirs de la plage, bien sûr, et des activités balnéaires, sans oublier la plongée ou la pêche au gros. Et puis promenade en bateau traditionnel, lorsque le ciel se couvre d’or et de pourpre. Jamais l’Afrique n’a été plus belle…

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