« Consommer local »

Publié le 7 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Coïncidence de calendrier, à l’heure où l’OMC rendait son verdict, de nombreux représentants des producteurs de coton, des membres de la société civile, des économistes et des scientifiques se trouvaient à Bamako pour le IIe Forum sur la fibre africaine (du 28 février au 5 mars). Les participants ont accueilli favorablement la condamnation des subventions cotonnières américaines. Mais n’en restent pas moins prudents : Washington doit maintenant démanteler son dispositif.
Cette rencontre a également permis d’étudier d’autres voies pour sauver les filières africaines, notamment la Compagnie malienne des textiles (CMDT), en proie à de graves difficultés financières en raison de la baisse des cours mondiaux de la fibre et des erreurs de gestion de ses dirigeants. Les intervenants plaident pour une plus grande implication des producteurs dans la réforme en cours des filières. Et s’insurgent contre les privatisations anarchiques sous la pression de la Banque mondiale. Ils ont notamment dénoncé la « réduction indigne » du prix d’achat au producteur malien (moins de 180 F CFA – 0,27 euro – le kilo pour les trois prochaines campagnes) sous la pression des bailleurs de fonds, destinée à renflouer les caisses et à préparer la privatisation de la CMDT.
« Le dialogue politique est essentiel, martèle Aminata Traoré, ex-ministre malienne de la Culture et principale organisatrice du forum, car aujourd’hui, en Afrique, les peuples paient pour des choix macroéconomiques dont ils ne sont ni responsables ni même informés. » Pour elle, le salut passe aussi par le changement des mentalités et l’innovation dans les modes de valorisation de la fibre. Elle a ainsi rappelé le succès de stylistes comme la Sénégalaise Aïcha Dione, qui travaille avec des méthodes de transformation traditionnelles, et a appelé le peuple à « consommer local ». « C’est un acte de citoyenneté, a-t-elle lancé du haut de la tribune. Nous devons redécouvrir la dimension culturelle et nous interroger sur ce que nous voulons manger et porter. » Le président Amadou Toumani Touré n’a pas dit autre chose lors de l’inauguration, le 3 mars, de l’usine de transformation textile Batex-ci (troisième du genre), qui succède à Itema, moribonde depuis dix ans : « Face aux subventions et à la baisse des prix qui menacent les filières africaines, nous devons investir résolument dans la transformation locale. » Le défi est lancé.

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