« Tsunami » et sida

Aide Quelles leçons l’Afrique, elle-même frappée par de nombreuses catastrophes, doit-elle tirer de la mobilisation en faveur des victimes du raz-de-marée du 26 décembre ?

Publié le 8 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Vive la mondialisation de la solidarité !
Face à une catastrophe présentée comme la plus grande des temps modernes, seule la mobilisation mondiale a pu apporter aux victimes un peu de réconfort. Jamais une cause n’avait mobilisé autant en si peu de temps. Les aides, tant financières que matérielles, témoignent d’une « mondialisation de la solidarité ». Il faut s’en réjouir. À quand une « solidarité mondialisée » de même ampleur pour lutter contre le sida ?

Aidons-nous nous-mêmes
Je suis scandalisé d’entendre les Africains se plaindre de l’abondance de l’aide apportée par la communauté internationale aux victimes du tsunami. Je trouve, au contraire, qu’on a trop fait pour l’Afrique. Il est temps de compter sur nous-mêmes au lieu de réclamer sans cesse.

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L’éducation, ressort du développement
Le plan présenté par le ministre Britannique Gordon Brown (voir J.A.I. n° 2299) comporte un volet intéressant, qui concerne l’éducation. À mon avis, c’est la cheville ouvrière de l’évolution d’une société. Le sous-développement en Afrique est d’abord intellectuel. Grâce à l’éducation, les mentalités évolueront, et les Africains n’accepteront plus tout ce que font leurs hommes politiques. Il y aura enfin obligation de résultat et de transparence.

Diego Garcia : silence total
Le tsunami a eu des effets jusqu’en Somalie et à l’île Maurice. Personne n’a parlé de l’archipel des Chagos, et plus particulièrement de Diego Garcia , comme s’ils n’existaient pas. Pourtant, ils sont relativement proches de l’épicentre du séisme.

Autre époque,
autres drames
Au Rwanda, en 1994, il y a eu près d’un million de morts en trois mois. Tout le monde a vu venir le massacre, mais personne n’a pu ou voulu l’empêcher. Les rescapés ont été purement et simplement abandonnés. Autre époque autre catastrophe, naturelle celle-ci : le tsunami qui a touché l’Asie du Sud à la fin de l’année 2004. A priori, personne ne pouvait le prévoir. Mais toute la communauté internationale (l’Afrique y compris et jusqu’au Liberia, qui a offert 100 000 dollars) s’est mobilisée pour secourir les survivants. Pourquoi les drames africains mobilisent-ils si peu la communauté internationale ? Nous avons aussi des catastrophes naturelles : une éruption volcanique à Goma, un séisme à Al Hoceima, un cyclone à Madagascar… Bien sûr, leur ampleur est moindre, mais la mobilisation s’est révélée vraiment timide. La vie n’a-t-elle pas la même valeur sur tous les continents ? La communauté internationale en a-t-elle assez de cette Afrique toujours sinistrée ?

Du Darfour à la RD Congo
Dans le malheur, peut-on vraiment admettre qu’il y ait des causes à défendre et d’autres à ignorer ? Existe-t-il une échelle de Richter des catastrophes humanitaires, des crises économiques, des rébellions et des guerres civiles ? Le tsunami asiatique est une tragédie. Mais sait-on qu’en Afrique il y a plus d’un tsunami par jour ? La famine, le sida, les guerres et le sous-développement ravagent des pans entiers de la société. Au Darfour, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo et ailleurs, des enfants, des femmes, des jeunes et des vieux meurent, dans l’indifférence générale, victimes de la folie des hommes.
L’Afrique doit-elle espérer un véritable tsunami pour que la communauté internationale se penche sur son malheur ? Ne poussons pas le cynisme jusqu’au désespoir, mais le monde doit comprendre qu’une partie de lui-même se meurt à petit feu.

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