Toyota, star à domicile

Le constructeur automobile entend profiter de l’Exposition universelle pour présenter ses dernières prouesses technologiques.

Publié le 7 février 2005 Lecture : 3 minutes.

Compagnie hôte de l’Exposition universelle d’Aichi, Toyota se frotte les mains et ronronne de plaisir comme un moteur bien huilé. Il espère que l’événement donnera un sérieux coup d’accélérateur à ses projets. Premier constructeur japonais, deuxième mondial depuis 2003, Toyota ne vise qu’un seul objectif : ravir à l’américain General Motors sa première place. C’est dire si l’exposition tombe à point nommé pour servir de vitrine à la marque.
Principal sponsor d’Aichi 2005, la firme automobile, dont le siège social (Toyota City, une importante ville-usine) ne se trouve qu’à une dizaine de minutes du site, joue la star à domicile. Pour cela, elle n’a pas lésiné sur les moyens. Quoi de plus normal pour un groupe qui pèse 104,7 milliards d’euros en Bourse et qui a dégagé un bénéfice net de plus de 7 milliards d’euros sur l’exercice clos en mars 2004 ? Non content de s’être offert l’un des pavillons les plus imposants, Toyota a apposé son sceau un peu partout. À commencer par les hautes sphères du staff d’organisation de l’événement, où le président d’honneur de Toyota Motors Corp., l’honorable Shoichiro Toyoda, occupe également le rang de chairman. Question subsidiaire : qui assure les transports publics de l’exposition ? Toyota, bien sûr ! Mais pouvait-on s’attendre à autre chose ? La firme joue un vrai rôle social dans la région, puisqu’elle génère des centaines de milliers d’emplois directs et indirects autour de Nagoya. Les autobus sans conducteur au design futuriste ainsi que les navettes à moteur hybride (électrique et hydrogène) qui desserviront le site seront donc made in Toyota. Avec une telle présence, pas étonnant que Aichi 2005 soit surnommée « l’exposition Toyota »…
Mais le géant automobile mise surtout sur ses dernières innovations technologiques pour faire briller les feux de sa carrosserie déjà rutilante. Parce qu’il veut, à terme, concevoir des robots capables de travailler dans des lieux très exposés, comme l’intérieur d’une centrale nucléaire, le constructeur nippon se lance dans la course cybernétique. Son robot majordome, qui accueillera les visiteurs en jouant de la trompette avec la virtuosité d’un être de chair et d’os, est un condensé de prouesses technologiques. Capable de bouger ses lèvres artificielles avec la même agilité qu’un être humain, il est en outre doté de bras, de mains et de doigts très perfectionnés. D’ailleurs, Toyota compte bien décliner toute une série de robots assistants, comme son I-Foot Robot, un substitut de fauteuil roulant pour handicapé, avec des jambes d’acier en guise de roues, capable de grimper les escaliers et d’atteindre une vitesse de marche de 1,35 km/h.
Sa véritable vedette sera toutefois la I-Unit, la voiture du xxie siècle conçue pour se garer dans votre… salon. Beau, silencieux, ce véhicule monoplace au design inspiré par une feuille n’a pas encore d’équivalent. Il occupe un espace minimal et consomme très peu d’énergie, grâce à sa taille ultracompacte et à son poids réduit. La I-Unit, c’est d’abord un concept « d’extension des capacités humaines », une voiture individualisée, véritable seconde peau, qui symbolisera la nouvelle approche des transports et de la mobilité qui est celle de la marque. Une sacrée carte à abattre, à condition que les médias étrangers daignent braquer leurs projecteurs sur l’exposition. Sur les 15 millions de visiteurs prévus en effet, 13,5 millions seront japonais, et la I-Unit pourrait bien s’auto-admirer en contemplant son propre reflet dans le miroir nippon.
Avec 7,47 millions de véhicules écoulés à travers le monde l’année dernière (9 millions pour General Motors), en progression de 10 % en un an, la firme automobile n’éprouve pas un réel besoin de faire sa promotion à travers Aichi 2005. Sans doute cherche-t-elle à enterrer définitivement le désastreux souvenir de 1994, annus horribilis pour le groupe, victime de sa stratégie et pénalisé par la cherté du yen à l’exportation. Toyota s’était alors retranché dans sa forteresse industrielle pour mieux rebondir. Aujourd’hui, avec le tremplin que pourrait être Aichi 2005, il prévoit déjà, une fois son objectif de devenir numéro un mondial atteint, de s’arroger 15 % des parts du marché mondial en 2010. Pourquoi pas ? Implanté à faible distance de l’Exposition universelle la plus high-tech de tous les temps, Toyota n’a-t-il pas une longueur d’avance sur ses concurrents ?

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