RDC : les vérités de Jules Alingete, puissant patron de l’IGF
Le limogeage d’Abert Yuma, la libération de Vital Kamerhe, l’audit des comptes de la présidence, les conclusions de l’enquête Congo Hold Up… Le chef des services de l’Inspection générale des finances (IGF) défend son bilan face aux critiques.
Félix Tshisekedi a beau en avoir fait l’une de ses priorités, la lutte contre la corruption est-elle à la peine en RDC ? Le 6 décembre, c’est Vital Kamerhe, l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État, qui a été remis en liberté provisoire après avoir été condamné en appel à treize ans de prison pour détournement.
Avant lui, c’est Willy Bakonga, ex-ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD de Joseph Kabila), qui avait été gracié alors qu’il avait été condamné à trois ans de prison pour blanchiment. Modeste Makabuza et Charly Wenga, les directeurs généraux de la Société congolaise de construction (Sococ) et de l’Office des voiries et drainage (OVD), ont eux aussi été graciés.
Quant à Eteni Longondo, ex-ministre de la Santé et cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti présidentiel), il a été remis en liberté tandis que l’enquête se poursuit. Et l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a vu son avenir s’éclaircir mi-novembre, quand la Cour constitutionnelle qui devait le juger s’est déclarée incompétente.
Mais ces décisions, tantôt judiciaires, tantôt politiques, n’entament pas la détermination de Jules Alingete, le puissant patron de l’Inspection générale des finances (IGF). Il en est convaincu : ses services ont obtenu de beaux résultats. Selon lui, le renforcement des contrôles rend désormais « impossible » le détournement de centaines de millions de dollars au Congo.
Jeune Afrique : Vital Kamerhe, Willy Bakonga, Augustin Matata Ponyo, Eteni Longondo… Toutes ces personnalités qui avaient été inculpées et parfois condamnées pour des détournements sont aujourd’hui libres de leurs mouvements. N’est-ce pas décourageant ?
Jules Alingete : Je n’ai pas à commenter des décisions de justice, mais il y a des gens qui ont été condamnés et qui sont encore en prison. Et puis, que les gens soient acquittés, condamnés ou libérés provisoirement, cela n’entame en rien le travail que mène l’IGF sous la direction du président de la République. Quand la police arrête des malfaiteurs et qu’elle les envoie devant la justice, elle ne baisse pas les bras parce qu’ils sont libérés. Elle continue de travailler. C’est pareil pour nous : nous continuons de travailler, nous allons même intensifier nos contrôles, et s’il y a des faits qui posent problème, la justice sera saisie.
N’y a-t-il pas un hiatus entre ces remises en liberté provisoire et le discours sur l’État de droit que martèle Félix Tshisekedi ?
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