Pour une « souveraineté alimentaire »

Publié le 7 février 2005 Lecture : 2 minutes.

On connaissait la fracture sociale, thème de campagne de Jacques Chirac en 1995, et la fracture numérique, concept employé par les politiques pour dénoncer l’écart entre le Nord et le Sud en matière de nouvelles technologies. Abdoulaye Wade, le président sénégalais, qui a accueilli, les 4 et 5 février, le Dakar agricole, invite les grands de ce monde à réduire la « fracture agricole mondiale ». Pensée sur le modèle du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, cette rencontre a dégagé des pistes pour une agriculture plus juste. Plus de cinq cents participants ont répondu à l’appel, dont les présidents Chirac (France), Luiz Inácio « Lula » da Silva (Brésil), qui est intervenu en duplex depuis Brasília, Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Olusegun Obasanjo (Nigeria) et Amadou Toumani Touré (Mali), ainsi que des scientifiques de renom, dont Joseph Stieglitz, Prix Nobel d’économie.
Les participants des pays du Sud ont, une nouvelle fois, demandé aux nations riches de supprimer leurs subventions agricoles, qui s’élèvent annuellement à plus de 300 milliards de dollars, une somme six fois plus importante que celle versée pour l’aide au développement et qui perturbe le marché mondial en influant sur les cours à la baisse. Le prix moyen des produits de base a été divisé par quatre lors des quarante dernières années, réduisant d’autant le revenu des producteurs non subventionnés.

Aujourd’hui, l’agriculture des pays les plus pauvres, particulièrement en Afrique, souffre de plusieurs maux : baisse de la productivité, dégradation des écosystèmes, faible diversité des produits cultivés, insuffisance de la transformation et accès limité au marché international. Pour inverser la tendance, les participants ont suggéré de relancer la recherche agricole, d’améliorer les dispositifs de financement des activités, de promouvoir les industries agroalimentaires pour valoriser les productions et de favoriser les échanges au sein des zones d’intégration régionales. Progressivement, le concept de « souveraineté alimentaire », faculté des États en développement à protéger leur agriculture, fait son chemin et cherche à s’imposer face à la libéralisation totale des marchés. Le forum s’est achevé sur la création de l’« École du Dakar agricole », un courant de pensée qui défendra une approche de l’agriculture intégrant les relations entre commerce et développement.

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