Ouagadougou fête les 50 ans du cinéma africain
À la veille de l’ouverture, le 28 février, de la 19e édition du festival, où en est le septième art sur le continent ?
Le 28 février prochain débutera à Ouagadougou la dix-neuvième édition du Fespaco, le plus grand festival de cinéma d’Afrique. Comme toujours, ce sera d’abord une fête, à laquelle participent avec enthousiasme la population de la capitale du Burkina et tous les cinéphiles passionnés ou simples amateurs de « toiles » du continent ou de pays plus lointains. Mais aussi, et surtout, une manifestation professionnelle, qui réunit de très nombreux cinéastes, comédiens, critiques et autres acteurs de cet art qui est aussi une industrie.
Comme tous les deux ans, le Fespaco permettra ainsi, pendant un peu plus d’une semaine, de faire le point sur l’état des diverses cinématographies du sud et du nord du Sahara. Et de s’interroger sur leurs problèmes et leur avenir, notamment au cours d’un colloque sur ces enjeux majeurs que représentent « la formation et la professionnalisation » pour le cinéma africain.
Les responsables de la biennale ont dévoilé fin janvier les films – 170 au total ! – qui seront projetés pendant huit jours dans les salles fermées ou en plein air de Ouagadougou. Le jury de la principale compétition officielle, celle des longs-métrages, aura à départager vingt films, soit quatre de plus qu’en 2003, au moment de remettre les récompenses, et en particulier le grand prix, l’Étalon de Yennenga. Le président du jury sera d’ailleurs cette année un ancien lauréat, le Marocain Souheil Ben Barka, distingué pour Les Mille et Une Nuits en 1973. Il aura à ses côtés six autres jurés, dont le comédien africain-américain Danny Glover et l’écrivain Calixthe Beyala.
D’autres compétitions permettront de mettre en valeur des courts-métrages (vingt sélectionnés là aussi), des films de la diaspora ainsi que des fictions ou des documentaires réalisés en vidéo ou pour la télévision. Pour que le passage en revue de la production actuelle soit complet, divers « panoramas » présenteront quantité d’autres films non retenus dans le cadre « officiel » et pourtant parfois très attendus. Par exemple, certains films déjà projetés avec succès dans d’autres festivals ou dans les salles européennes, comme l’excellent Molaade, de Sembène Ousmane, La Valse des gros derrières, du très prolifique Béninois Jean Odoutan, et Tenja du Marocain Hassan Lezgouli. Ou même des inédits comme Delwende (« Lève-toi et marche »), du Burkinabè Pierre Yaméogo.
Côté rétrospectif, enfin, la manifestation fêtera les cinquante ans du cinéma d’Afrique noire. C’est en effet en 1955 que les Sénégalais Paulin Soumanou Vieyra et Mamadou Sarre devinrent les tout premiers Africains à passer derrière la caméra. Grâce à leur film Afrique-sur-Seine, un moyen-métrage de vingt et une minutes sur la vie à Paris d’étudiants du continent, ils ont joué un rôle de pionnier pour affirmer, cinq ans avant l’indépendance de leur pays, le droit de regard des populations du sud du Sahara sur leurs images et, plus simplement, un droit universel à la création artistique. Un combat pour l’émancipation qui, en matière de cinéma, est d’ailleurs toujours en cours et, à bien des égards (sources de financement, formation des cinéastes, etc.), loin d’être gagné.
Comment s’annonce en fin de compte le cru 2005 du Fespaco, à un moment où, après l’embellie des années 1980 et 1990, la visibilité internationale du cinéma africain, et surtout du sud du Sahara, est redevenue plutôt faible ? Nous avons posé cette question, et quelques autres, à Baba Hama, délégué général du festival depuis 1996.
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