RDC : strike politique pour Félix Tshisekedi ?

Après la désignation de Denis Kadima à la tête de la Ceni, le président congolais a été chahuté par l’opposition, les religieux et même certains de ses alliés pendant des semaines. Mais il semble avoir réussi à calmer le jeu.

 © Kash

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    Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.

Publié le 11 décembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Au plus fort de la crise qui a secoué le microcosme politique après la désignation de Denis Kadima comme président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), beaucoup d’observateurs ont fait des projections catastrophiques sur l’avenir de l’Union sacrée, la coalition sur laquelle comptait s’appuyer Félix Tshisekedi après sa rupture d’avec Joseph Kabila. Des analystes entrevoyaient un front composé du tandem CENCO – ECC, représentant catholiques et protestants, les deux plus importantes confessions religieuses du pays, des opposants Martin Fayulu et Adolphe Muzito et de leurs alliés de circonstance du Front commun pour le Congo (FCC) du prédécesseur du chef de l’État.

Une certaine inquiétude semblait même gagner la coalition au pouvoir, au sein de laquelle certains – comme Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe ou encore Moïse Katumbi –, appelaient à « un plus large consensus ». Différentes sorties qui ont laissé entrevoir la formation d’un bloc « anti-Tshisekedi ». Mais la scène politique congolaise est réputée pour son imprévisibilité…

L’UNC se réjouit de la libération provisoire de Kamerhe et Katumbi ne semble plus si déterminé à quitter la coalition

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Normalisation et libérations

Après des semaines de consultations, Katumbi, qui a menacé plus d’une fois de quitter la coalition au pouvoir ne semble plus si déterminé à franchir le Rubicon. L’Union pour la nation congolaise (UNC), qui n’a cessé de menacer la majorité de « conséquences politiques » à la suite de l’emprisonnement de Vital Kamerhe, se réjouit désormais de la libération provisoire de son leader et pourrait en profiter pour calmer le jeu avec le camp présidentiel. Très discret sur son avenir, Jean-Pierre Bemba a, de son côté, reçu un « juste dédommagement » de 20 millions de dollars pour la destruction de ses avions pendant sa détention à la CPI. Et pour couronner le tout, Tshisekedi, chahuté par les Églises, a réussi une campagne de normalisation des relations avec les leaders catholiques et protestants, prêts à « repartir sur de nouvelles bases ».

À cet inattendu climat de détente, il faut ajouter la libération provisoire d’Eteni Longondo, ex-ministre de la Santé accusé de détournement de fonds, l’inertie de la procédure visant Matata Ponyo, ancien Premier ministre de Kabila – il devait être jugé devant la Cour constitutionnelle avant que celle-ci ne se déclare incompétente –, et la grâce accordée à Willy Bakonga – que beaucoup peinent à expliquer. L’ex-ministre de l’Enseignement a en effet été remis en liberté neuf mois après avoir été condamné à trois ans de prison pour blanchiment et transferts vers l’étranger de capitaux.

Faut-il en conclure que Félix Tshisekedi a réussi un « strike politique » ? L’arène politique kinoise n’étant pas avare en retournements de dernière minute, le président a des raisons de rester prudent. Mais il s’est, à tout le moins, offert un léger répit politique.

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