La fin d’un long feuilleton

Publié le 7 février 2005 Lecture : 2 minutes.

C’est la fin d’un long feuilleton, un Dallas à l’algérienne. Amour, haine, ambition, trahison, manipulation et règlements de comptes : tels sont les ingrédients de la « superproduction » censée tenir en haleine tout un pays. Sauf qu’elle n’a pas passionné les foules… La faute à une « star » sur le retour, le Front de libération nationale (FLN), qui, malgré un come-back savamment orchestré entre 2000 et 2003 (élections législatives et locales remportées haut la main), reste ce qu’il a toujours été : un outil de pouvoir qu’on se dispute, qui s’appuie sur sa seule légitimité historique et se préoccupe assez peu, voire pas du tout, du sort des Algériens.
Le casting était pourtant prometteur : un Premier ministre dans le rôle du félon, un président de la République dans celui du trahi, un ministre des Affaires étrangères jouant les justiciers et une pléthore de seconds rôles et de figurants retournant leur veste au gré des sondages, des rumeurs et de l’évolution des rapports de force. Prometteur, le scénario l’était également. « Boutef » remet les clés du FLN à Ali Benflis, son homme de confiance, son plus proche collaborateur depuis son accession à la magistrature suprême en 1999. De 2000 à 2003, ce dernier transforme la guimbarde dont il a hérité en rutilante voiture de sport : le parti, tombé aux oubliettes depuis les émeutes d’octobre 1988, fait son grand retour, devient majoritaire à l’Assemblée et dans les collectivités locales. Il s’ouvre aux femmes, aux intellectuels et aux jeunes. Un vent de renouveau souffle sur l’ex-parti unique que les vicissitudes du passé avaient écarté du coeur des Algériens.
Problème : à l’approche de la présidentielle d’avril 2004, Benflis refuse de rendre le bolide. Il roule désormais pour lui-même. Branle-bas de combat à la présidence, où tout est mis en oeuvre pour récupérer le FLN. Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères et chef de file des « redresseurs », choisit de neutraliser le parti dans l’immédiat. Il sera toujours temps d’en reprendre possession après le scrutin. Benflis et les siens sont assiégés, privés de légitimité par la justice et asphyxiés financièrement. Ils résisteront jusqu’à l’élection, mais seront emportés par le résultat : 83,5 % pour Bouteflika contre 7,9 % pour Benflis, qui a longtemps cru que l’armée le soutiendrait. Les messages sibyllins du général Lamari le laissaient penser. Leurre cruel ou changement de dernière minute, Benflis n’a jamais vu venir le soutien espéré. Il a perdu le bras de fer qu’il avait eu le courage – ou la naïveté – d’engager. Aujourd’hui, le FLN rentre dans le rang. Belkhadem est son secrétaire général, et Boutef, son président d’honneur. Les pro-Benflis ont été évincés ou « convertis ». Reste une question, la plus importante, sans doute : le FLN changera-t-il un jour ?

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires