Sénégal : le poste de Premier ministre officiellement rétabli
Les députés ont voté à une écrasante majorité en faveur du rétablissement du poste de chef de gouvernement, supprimé au lendemain de la réélection de Macky Sall, en 2019.
Sans surprise, le projet de révision constitutionnelle introduit par le gouvernement a été adopté en procédure d’urgence, vendredi 10 décembre, à l’Assemblée nationale par 92 voix (deux contre et huit abstentions). Le poste de Premier ministre est donc de retour au Sénégal, vingt mois après sa suppression. Il ne reste plus qu’à trouver le nom de celui qui renfilera le costume.
Ce rétablissement voulu par Macky Sall avait été annoncé, contre toute attente, dans le communiqué officiel du conseil des ministres en date du 24 novembre. Dans un entretien accordé à la chaîne France 24 et diffusé le 9 décembre, le président sénégalais a estimé que le « retour du poste de Premier ministre [parait] tout à fait rationnel » à l’heure où lui-même s’apprête à prendre les rênes de la présidence de l’UA, en février 2022.
En première ligne
« Ce mandat de l’Union africaine, je compte le prendre à bras-le-corps, s’est-il justifié. Et cela va me prendre beaucoup de temps. Avec toutes ces crises annoncées [sur le continent], je ne pourrai pas m’occuper au quotidien du Sénégal. Or le Sénégal, il faut s’en occuper au quotidien. »
Ce poste sert souvent de bouclier pour le président. Quand tout va mal, c’est la première personnalité qui saute
Pour autant, d’autres raisons pourraient avoir joué en faveur du retour d’un chef de gouvernement. « Ce poste sert souvent de bouclier pour le président. C’est lui qui reçoit les critiques. Et quand tout va mal, c’est la première personnalité qui saute, analyse Babacar Ndiaye, chercheur pour le think-tank Wathi, basé à Dakar. Et quand les événements de mars ont secoué le pays, le chef de l’État s’est retrouvé en première ligne. Il s’est rendu compte que c’était difficile de gérer au quotidien l’action gouvernementale. »
La fonction de Premier ministre avait été supprimée en février 2019, au lendemain de la réélection de Macky Sall. Officiellement, il s’agissait de favoriser une gouvernance « fast-track », malgré les vives protestations de l’opposition. La réforme était censée permettre au chef de l’État d’aller plus vite dans la mise en œuvre des politiques publiques et des programmes du Plan Sénégal émergent (PSE).
« Après sept ans d’exercice de la fonction présidentielle, j’avais voulu tester la gouvernance directe en gagnant du temps, explique le chef de l’État sénégalais. On a accéléré un certain nombre de travaux. La Covid-19 est venue ralentir quelque peu cela. Mais quand même, un travail important a été fait. Nous allons inaugurer, le 27 décembre, le Train express régional (TER). Nous allons inaugurer le stade olympique de 50 000 places [de Diamniadio] ».
Amadou Ba ou Amadou Hott ?
Après le vote au Parlement, le président Macky Sall devra promulguer la réforme constitutionnelle dans un délai de huit jours. Mais la nomination du nouveau Premier ministre n’interviendra qu’à l’issue des élections locales, qui se tiendront le 23 janvier.
Selon nos informations, Amadou Ba, ministre de l’Économie et des Finances de 2013 à 2019, puis des Affaires étrangères jusqu’au remaniement du 1er novembre 2020, est bien placé pour obtenir le poste, mais l’affaire n’est pas jouée : le nom d’Amadou Hott, devenu ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale en 2019, est également évoqué.
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