Charité bien ordonnée

La deuxième puissance économique mondiale s’implique depuis près d’un demi-siècle dans l’aide aux pays en développement.

Publié le 7 février 2005 Lecture : 3 minutes.

Selon un récent sondage, près de 65 % des Japonais approuvent le fait que leur gouvernement renforce et poursuive sa coopération économique avec les pays du Sud, car elle « contribue à la stabilisation des pays en développement et à la paix dans le monde ». Pour eux, il s’agit d’un « devoir humanitaire ».
Voilà qui résume l’état d’esprit nippon en matière d’aide publique au développement (APD). Parce qu’il s’était fixé l’objectif de rattraper l’Occident et qu’il a su, après la Seconde Guerre mondiale, reconstruire son industrie et ses infrastructures grâce aux prêts de la Banque mondiale, le Japon est à son tour devenu l’un des pays les plus impliqués dans ce domaine. Deux organismes s’y montrent particulièrement actifs : la Japan Bank for International Cooperation (JBIC) et l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica). Si la Banque prend en charge la partie financière d’un projet, la Jica, elle, se spécialise dans la coopération technique, en favorisant, entre autres, le rapprochement des partenaires. « Ces deux organismes définissent en étroite collaboration les projets et leur mise en oeuvre, affirme Hiroshi Haruta, directeur exécutif résidant du département Afrique de la JBIC. Tant au Japon que dans les pays où il intervient, comme au Kenya, ce tandem fonctionne très bien. En ce qui concerne la construction des infrastructures routières, par exemple, la JBIC assure le volet financier, et la Jica, l’assistance technique. »
Fruit de la fusion, il y a un peu plus de cinq ans, de l’Export Import Bank of Japan (Jexim) et de l’Overseas Economic Cooperation Fund (OECF), la JBIC est bien implantée en Afrique où elle promeut les échanges commerciaux avec le Japon, encourage les investissements japonais et soutient le développement grâce à l’octroi de prêts concessionnels pour des projets d’infrastructures économiques et sociales.
En l’espace d’un demi-siècle, les investissements nippons sur le continent ont atteint 3 510 milliards de yens (33,4 milliards de dollars). En outre, l’Afrique a bénéficié sur cette même période de 1 480 milliards de yens (14 milliards de dollars) pour 260 opérations de prêts consentis dans le cadre de l’APD. En Afrique du Nord, le Maroc et la Tunisie figurent parmi les principaux bénéficiaires de ces prêts, notamment pour l’alimentation en eau, l’électrification en zones rurales, les transports et le développement des ressources humaines. « La JBIC aide ces deux pays à réduire les inégalités régionales, à lutter contre la pauvreté et à améliorer leur compétitivité pour mieux s’insérer dans le marché de l’Union européenne, souligne Hiroshi Haruta. C’est pourquoi ils bénéficient d’une part importante de notre assistance financière. » En Afrique subsaharienne, c’est le Kenya qui récolte les montants les plus élevés. Le pays a notamment reçu dernièrement un financement pour un projet de barrage hydraulique. Pour la majorité des autres pays, la JBIC, qui a soutenu, au cours des années 1980 et 1990, de nombreux projets d’infrastructures de transport, de production électrique ou d’irrigation et des programmes d’ajustement structurel, n’est pas en mesure de leur octroyer de nouveaux prêts dans l’immédiat, en raison de l’importance de leurs dettes. « Nous avons beaucoup aidé, depuis les années 1960, des États comme le Ghana, le Sénégal, la Zambie ou la Tanzanie. Mais nous avons décidé, depuis deux ans, d’initier une politique d’allègement de la dette à l’égard des pays pauvres très endettés (PPTE) en Afrique », confirme Hiroshi Haruta. Le montant total de cette aide devrait s’élever à 340 milliards de yens (soit 3,2 milliards de dollars). La JBIC entend continuer à soutenir les efforts des nations africaines décidées à favoriser les aménagements institutionnels et le développement des ressources humaines, bases d’une croissance autonome et continue.

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