Ce que lisent les Algériens
Les Algériens lisent de plus en plus depuis cinq ans. C’est ce que s’accordent à dire les libraires d’Alger, qui voient leur clientèle grossir au fil des ans, même si les prix des livres à l’importation restent encore très élevés. À la librairie Ibn-Khaldoun, rue Didouche-Mourad, le Brésilien Paulo Coelho est arrivé en tête des ventes 2004 en ce qui concerne la fiction. L’Alchimiste (Anne Carrière et Le Livre de poche) est l’un des best-sellers de la boutique. Vient ensuite Amin Maalouf avec Les Échelles du Levant (Grasset et Le Livre de poche) et, pour les auteurs algériens, Rachid Boudjedra avec Fascination et La Vie à l’endroit (Grasset et Le Livre de poche).
On retrouve Paulo Coelho comme meilleure vente de fiction 2004 à la librairie de la rue Hassiba-Ben-Bouali, tenue par Abdelhamid Maati. Celui-ci note un engouement pour les livres religieux et scientifiques et indique que « Freud marche très bien chez les étudiants ». Il vend autant de littérature en arabe qu’en français. Parmi les arabophones, l’Algérienne Ahlam Mosteghanemi est la préférée de ces lecteurs. Enfin, « les livres de cuisine sont à la mode. De nombreuses femmes qui travaillent la semaine veulent découvrir de nouvelles recettes le week-end ».
À la librairie El-Ghazali, toujours dans la très animée rue Didouche-Mourad, Paulo Coelho… est encore là ! « C’est un auteur qui marche, mais son écriture n’est pas très intéressante. Enfin, tant que les gens lisent, tant mieux ! » ironise Hassan Bendif, l’un des deux gérants du magasin. Tandis qu’un jeune client lui demande Oncle Vania d’Anton Tchekhov, il explique qu’il y a trois genres très prisés ici. D’abord, les ouvrages d’histoire, car « les Algériens souhaitent redécouvrir leur passé ». Parmi les meilleures ventes 2004 de cette catégorie : Des noms et des lieux, mémoire d’une Algérie oubliée de Mostepha Lacheraf (éditions Casbah). Deuxième genre : les livres politiques qui traitent de l’actualité en Algérie, en France, en Irak ou en Palestine. Troisième genre : les romans. « Amin Maalouf est très aimé, car c’est un merveilleux conteur. Il y a aussi une redécouverte de nos classiques, mis sous le boisseau pendant un moment, comme Kateb Yacine, avec Nedjma et Le Polygone étoilé (Le Seuil), Mohamed Dib, Mouloud Feraoun… Et puis de jeunes écrivains dynamiques comme Mustapha Benfodil (voir J.A.I. n° 2292). Les classiques français sont aussi très lus, car ils sont au programme scolaire. » Hassan Bendif cite en vrac Hugo, Daudet, Maupassant, Rimbaud, Flaubert, Baudelaire…
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