Petits arrangements entre ennemis intimes
Pour avoir fait arrêter un proche du chef de l’État, le patron de la cellule anticorruption a été démis de ses fonctions. Officiellement pour suivre une formation.
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Cela ressemble à une manuvre politique. Le 27 décembre, le patron de la police fédérale du Nigeria, Mike Okiro, a annoncé son intention de relever de ses fonctions Nuhu Ribadu, directeur général de la Commission de lutte contre le crime économique et financier (EFCC). Motif : le gendarme anticorruption, nommé en 2003 à la tête de cette structure créée la même année par l’ancien président Olusegun Obasanjo, a besoin de suivre une formation en management d’une durée d’un an au sein du National Institute for Politic and Strategic Studies (NIPSS). Un « exercice de routine », selon les termes de Mike Okiro, qu’il commencera le 24 janvier. Le 1er janvier, le nouveau chef de l’État, Umaru Yar’Adua, théoriquement le seul habilité à prendre une telle décision, donne son accord.
Pour les ONG Transparency International et Human Rights Watch comme pour le Prix Nobel de littérature (1986) Wole Soyinka, il n’y a aucun doute : en limogeant Ribadu, Yar’Adua cherche avant tout à écarter un adversaire. Le 12 décembre, l’EFCC a en effet arrêté James Ibori, ancien gouverneur de l’État pétrolier du Delta, accusé, entre autres, de corruption et de blanchiment d’argent. Réputé proche de Yar’Adua, Ibori aurait participé au financement de la campagne électorale de ce dernier.
Si elle redorait son blason depuis l’élection, en avril 2007, de l’actuel chef de l’État, l’EFCC n’a toutefois pas toujours été un havre d’honnêteté : à l’approche de la présidentielle, Obasanjo l’a largement utilisée pour éliminer ses adversaires politiques et favoriser l’élection de son dauphin, aujourd’hui au pouvoir. L’élève a fini par imiter le maître.
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