Match Maroc-Algérie : messages de fraternité, au-delà des tensions politiques
La victoire algérienne lors du quart de finale de la Coupe arabe n’a pas échappé à la récupération politique. Mais les messages de fraternité entre les supporteurs des deux pays ont prévalu.
La fraternité, au-delà des tensions politiques ? C’est l’image forte du quart de finale de la Coupe arabe qui a opposé le Maroc à l’Algérie, le 11 décembre, à Doha. À la 89e minute du match, le milieu offensif algérien Youcef Belaïli et le défenseur marocain Mohamed Nahiri se sont donné l’accolade.
Le geste a été abondamment partagé et commenté sur les réseaux sociaux, accompagné de commentaires tels que « Belaïli et Nahiri qui se font un câlin à la 89e et vous vous clashez sur Twitter », « la photo qui éclipse tous les messages de haine » ou encore « la vraie victoire est là ».
D’autres photos de supporteurs marocains, algériens et tunisiens brandissant côte à côte leurs drapeaux respectifs dans les tribunes du stade Al Thumama ou à l’aéroport de Doha ont circulé dès la fin du match.
« Le missile Belaïli »
Si sur les réseaux sociaux les messages de fraternité ont prédominé, la une du journal sportif algérien Compétition a été unanimement décriée, celui-ci ayant utilisé un lexique de guerre pour parler du but de Belaïli, une frappe de plus de 40 mètres. « Le missile Belaïli s’abat sur le Maroc », a ainsi titré Compétition le lendemain du derby, qui s’annonçait très tendu en raison de l’animosité entre les dirigeants des deux pays voisins.
La rupture du cessez-le-feu par le Front Polisario, suivie de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël ont ravivé la brouille entre le Maroc et l’Algérie. Les accusations d’Alger à la suite de la mort de trois de ses ressortissants dans le Sahara début novembre ont exacerbé le conflit.
Malgré les messages réciproques de sympathie, la politique n’était pas bien loin. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a tweeté « Un million et demi de bravos à nos héros », en référence aux martyrs de la guerre d’indépendance (1954-1962).
Le ministère algérien de la Défense a également félicité les Fennecs pour leur victoire, tandis que des joueurs algériens ont fait un tour d’honneur enveloppés dans un drapeau palestinien en signe de soutien à cette cause.
Dès la fin du match, les Algériens sont sortis fêter la victoire à coups de klaxon et de chansons à la gloire de leurs footballeurs. Les principales artères d’Alger n’avaient pas connu une telle ambiance depuis la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) remportée par la sélection nationale en 2019. Les festivités ont duré jusqu’à une heure avancée de la nuit.
C’est une rencontre sportive. Il ne faut pas que la politique s’en mêle »
Pour les partis d’opposition, la rivalité entre les deux pays ne doit pas dépasser le rectangle vert. « C’était une belle rencontre de joie et d’entente entre les deux peuples. Cela contraste avec les deux pouvoirs qui nous ont habitués aux échanges belliqueux. Encore une fois, c’est l’Afrique du Nord des peuples qui va sauver la région et contribuer à apaiser les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc », a déclaré à Jeune Afrique Athmane Mazouz, secrétaire national chargé de la communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).
Pour Habib Brahmia, cadre dirigeant de Jil Jadid, « au-delà du résultat footbalistique, le match a été un moyen d’exprimer des idées et d’échanger des messages de fraternité entre supporters ».
Ramdane Tazibt, membre du bureau politique du Parti des travailleurs (PT), se prononce lui aussi en faveur de l’unité des rangs et refuse que la dynamique de fraternité entre les peuples algérien et marocain soit cassée : « L’Algérie et le Maroc sont liés par la même histoire et un destin commun. Je suis pour l’unité et la solidarité nord-africaine. »
Côté marocain, le ton était tout aussi mesuré. « C’est une rencontre sportive. Il ne faut pas que la politique s’en mêle », a tempéré un supporter marocain dans une vidéo sur YouTube.
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