Le militant, l’aventurier et l’homme d’État

Avant Barack Obama, seuls deux Africains-Américains avaient brigué l’investiture de leur parti pour une élection présidentielle, un troisième rebroussant chemin au milieu du gué.

Publié le 7 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Jesse Jackson. Pasteur baptiste, grande figure de la lutte pour les droits civiques et éminent représentant de la gauche chrétienne, il crée la surprise lors des primaires démocrates pour la présidentielle de 1984 en terminant à la troisième place, derrière l’ancien vice-président Walter Mondale et le sénateur Gary Hart, avec 3,5 millions de suffrages populaires (21 %), mais seulement 8 % des votes des délégués à la convention du parti. Quatre ans plus tard, sa campagne électorale est beaucoup mieux organisée et plus généreusement financée. Résultat : il double presque le nombre de ses voix (6,9 millions), remporte les primaires démocrates dans onze États, mais doit s’incliner face à Michael Dukakis, son ultime concurrent.

Al Sharpton. Le fantasque et très controversé révérend commence sa carrière dans la défense des droits civiques aux côtés de Martin Luther King, devient tour-manager de James Brown (1971), renonce au pentecôtisme pour le baptisme, puis se laisse tenter par la politique politicienne : il sera à trois reprises candidat au Sénat de New York et une fois à la mairie (1997). Toujours en vain. À l’occasion, il ne dédaigne pas de faire l’acteur dans diverses séries télévisées, voire sur grand écran (il apparaît dans Malcolm X, le film de Spike Lee). Il a largement inspiré le personnage du peu sympathique révérend Bacon dans Le Bûcher des vanités, le roman de Tom Wolfe. En janvier 2003, Sharpton annonce sa candidature à l’investiture démocrate. Un an plus tard, à court d’argent et ne décollant pas dans les sondages, il se retire au profit de John Kerry.

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Colin Powell. L’ancien chef de la diplomatie américaine (2001-2005) n’a jamais brigué l’investiture républicaine, mais, auréolé de son rôle de chef d’état-major de l’armée américaine pendant la guerre du Golfe, il a paru en position de le faire, en 1995, un sondage le plaçant en tête de tous les candidats potentiels de son parti. Prudence ou pusillanimité, il a finalement renoncé, déclinant même l’invitation de Bob Dole à figurer sur le ticket républicain, l’année suivante. Contrairement à ses collègues démocrates, dont les candidatures n’avaient d’autre ambition que de promouvoir l’égalité entre les Blancs et les Noirs, il entendait s’adresser « à toute l’Amérique », raison pour laquelle il n’a jamais fait l’unanimité au sein de sa propre communauté. Il est vrai que sa famille n’est pas originaire du Deep South, mais de Jamaïque.

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