L’Afrique est deux fois moins riche que l’Asie

Le constat est sans appel : en vingt ans, seulement six pays du continent se sont enrichis. Quarante-cinq autres affichent une progression modeste, toutefois moindre que dans le reste du monde.

Publié le 7 janvier 2008 Lecture : 3 minutes.

De combien les pays africains se sont-ils enrichis ces vingt dernières années ? La méthode la plus indiquée pour répondre à cette question est la comparaison de leur produit intérieur brut (PIB) par habitant, qui calcule la valeur des biens et des services déclarés qu’une personne, quelle que soit sa nationalité, produit, en moyenne, dans un pays en un an. Cet indicateur donne alors une idée du revenu de chaque habitant – même s’il ne s’agit pas, au sens strict, de leur salaire ou de leur rémunération -, et, par ricochet, de la puissance économique d’une nation.
Ainsi, plus un pays produit des richesses – à partir de son sol, de son sous-sol ou de sa matière grise -, plus il pèse lourd sur la scène internationale : la contribution des États membres au budget des Nations unies est, par exemple, calculée, notamment, en fonction de leur PIB par habitant. Il en est de même à la Banque mondiale et à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Cet indicateur a toutefois un point faible : il ne prend en compte que la richesse produite par une activité économique formellement enregistrée. En revanche, toutes celles qui relèvent du secteur informel – commerce de rue, petits métiers et autres menus services -, non déclarées au fisc, ne sont pas prises en compte dans la formation du PIB. Ni, de ce fait, dans les statistiques officielles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), d’où est tiré ce palmarès*. Or, aucun pays au monde n’y échappe. L’économie parallèle existe partout, quelle qu’en soit la forme (prostitution, contrebande, etc.). Seul son poids diffère. Dans les pays les plus structurés, il est estimé à moins de 10 % du PIB. Dans ceux qui le sont le moins, où l’État n’a pas les moyens de contrôler le secteur, sa part varie de 40 % à 50 %. Toutefois, le « World Economic Outlook » publié par le FMI permet d’observer les données à partir desquelles travaillent les bailleurs de fonds et les investisseurs.

Les pays moins peuplés en tête
En 2007, ce dernier place en tête le Luxembourg, dont le PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat exprimé en dollar international (DI) – une unité de mesure alignée sur le niveau des prix aux États-Unis – s’élève à 87 400. En queue de peloton se trouve le Burundi, avec un PIB par habitant de 705 DI seulement. Entre les deux, l’écart varie de 1 à 104 Le pays africain le mieux classé est les Seychelles, avec 21 535 DI, dont le PIB par habitant équivaut à celui de l’Estonie.
À l’échelle du continent africain, la richesse par tête atteignait, cette année, 3 000 DI, soit dix fois moins que celle des pays développés, deux fois moins que celle de l’Asie, trois fois moins que celle du Moyen-Orient et cinq fois moins que celle de l’Europe de l’Est. C’est dire l’ampleur des retards qu’accuse le système productif africain à ce jour
L’étude de la situation africaine sur le long terme est encore plus éloquente. Entre 1987 et 2007, un seul pays se distingue : la Guinée équatoriale. En vingt ans, Malabo a basculé de l’extrême pauvreté à l’opulence, grâce à la découverte de brut dans son sous-sol dans les années 1990. Le PIB par habitant du pays a, ainsi, été multiplié par 25 sur la période. Certes, les fruits de cette formidable croissance ne sont pas encore bien répartis, mais l’accumulation en cours devrait permettre à beaucoup de tirer profit des retombées de la manne pétrolière (infrastructures routières, sanitaires, éducatives, etc.). Cinq autres pays ont également réalisé des progrès remarquables : le Botswana, Maurice, le Mozambique, le Cap-Vert et la Tunisie. Leur PIB par habitant a été multiplié par 3, 4 ou 5. Le ventre mou du classement (multiplication du PIB par habitant compris entre 1,5 et 3) est constitué de trente-trois pays. Les douze pays suivants ont quasiment stagné (multiplication du PIB entre 1 et 1,4). Quant à la République démocratique du Congo, qui ferme la marche, elle enregistre de son côté en 2007 un PIB de 893 dollars par tête, inférieur à son niveau de 1987 (1 356 DI à l’époque), malgré ses immenses ressources naturelles. Victime de la guerre et de l’instabilité, le pays cherche, aujourd’hui encore, la meilleure façon de refaire surface

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* « World Economic Outlook », FMI, octobre 2007, 54 dollars.

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