Hama Amadou

Ancien Premier ministre nigérien

Publié le 7 janvier 2008 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : L’affaire Moussa Kaka, du nom du journaliste incarcéré depuis plus de trois mois à Niamey et dont la mise en liberté ne pourra intervenir au plus tôt que le 8 janvier, ne marque-t-elle pas la radicalisation du régime sur fond de résurgence de la rébellion touarègue ?
Hama Amadou : L’emprisonnement d’un journaliste est anormal par principe. Mais les représentants de la presse doivent respecter les lois et ne peuvent exiger des passe-droits, surtout lorsqu’il en va des intérêts supérieurs de l’État, de sa sécurité voire de son intégrité. Quand la liberté d’expression l’emporte sur ces questions, cela risque de créer des crises beaucoup plus sévères.

Le Niger présentera-t-il un candidat à la présidence de la BCEAO, lors du sommet de l’UEMOA, le 17 janvier, à Ouagadougou ?
Nous n’y avons pas renoncé et nous respectons en cela l’esprit du traité signé par les États membres. Les Ivoiriens ont le droit de présenter leur candidat, mais les autres pays aussi. Ce n’est pas un acte d’hostilité envers la Côte d’Ivoire. Le fait qu’elle menace de se retirer de l’Union ne doit pas cependant nous empêcher de réclamer l’application des textes.

la suite après cette publicité

Pourquoi le groupe français Areva s’est-il vu retirer le monopole de l’exploitation de l’uranium ?
Pendant de nombreuses années, nous avons suivi Areva dans la fixation des prix d’achat afin de préserver l’avenir des filiales nigériennes dans la mesure où les cours étaient bas. Aujourd’hui, ils s’envolent. Il est logique que nous en profitions. C’est pourquoi nous ouvrons également le secteur à d’autres compagnies, notamment chinoises.

Les partis politiques ont admis l’existence d’une rébellion touarègue, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), dans le Nord. Pourquoi le président Mamadou Tandja a-t-il tant de mal à faire de même ?
Le chef de l’État a sur cette question sa propre opinion et sa propre lecture. Nous lui faisons confiance pour apporter des solutions. Mais il est vrai qu’il y a un problème d’insécurité dans cette région. Nul ne peut le nier.

Le MNJ demande que les revenus tirés de l’uranium soient mieux répartis
Le MNJ ignore peut-être qu’au-delà de l’uranium, les investissements réalisés dans la région d’Agadez sont importants et en font l’une des régions les plus privilégiées du pays, tant sur le plan des infrastructures de base que sur le nombre d’industries présentes. Les Touaregs ont été totalement intégrés. Mais lorsqu’on donne quelque chose, on vous en réclame toujours plus. Le fait de le demander par les armes est, en revanche, totalement antidémocratique. Le dialogue est la seule voix acceptable.

Avez-vous été surpris par la motion de censure contre votre gouvernement, en mai ?
Non, après sept années comme Premier ministre, je m’y attendais. La motion de censure résulte des tractations politiques de tous ceux qui étaient inquiets de me voir rester plus longtemps à mon poste. Mais elle ne se justifiait pas. Mon gouvernement a permis de maintenir un bon niveau de croissance, de gérer correctement les périodes de disettes et même de faire remonter le Niger de trois places dans le classement du Pnud sur le développement humain.

la suite après cette publicité

Le front social ne s’est pas pour autant calmé ces derniers mois.
On ne peut pas demander aux Français, par exemple, de cesser de protester. De la même manière, les grèves font partie de la nature des Nigériens.

Serez-vous candidat à la présidentielle de 2009 ?
Cela dépendra des militants du MNSD [Mouvement national pour la société de développement, parti au pouvoir, ndlr]. Mais celui qui fait de la politique son métier, sans revendiquer une certaine ambition, est un gros menteur.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires