Deux ans pour se préparer au libre-échange intégral
La libéralisation totale des échanges entre la Tunisie et l’Union européenne est passée comme une lettre à la poste. Ceux qui s’attendaient à une révolution industrielle à la date du 1er janvier 2008 en sont pour leurs frais : rien n’est venu perturber les fêtes de fin d’année des patrons tunisiens, que certains disaient inquiets face à l’« invasion » attendue des marchandises européennes. Et pour cause. La date légale de mise en uvre de la zone de libre-échange reste fixée au 1er mars 2010. La méprise résulte de l’interprétation des dates de démarrage de l’accord d’association tuniso-européen. Signé le 17 juillet 1995, il est entré en vigueur le 1er mars 1998.
Mais pour donner plus de temps à ses entreprises, le gouvernement tunisien a décidé, de son côté, de commencer le programme de démantèlement tarifaire dès le 1er janvier 1996 (abolition des droits de douanes et taxes équivalentes sur les produits industriels, à l’exception de certains, comme les automobiles). Comme ce programme s’étale sur douze ans, il s’est donc achevé le 31 décembre 2007 et la zone de libre-échange est devenue pratiquement effective le 1er janvier 2008. Même si, légalement, la Tunisie et l’UE demeurent tenues par la date du 1er mars 2010. La Tunisie s’accorde ainsi deux années pour tester « grandeur nature » les conséquences d’une libéralisation totale des échanges sur son économie. Les entreprises tunisiennes disposent ainsi encore de vingt-quatre mois pour s’adapter progressivement à l’ouverture de leur marché aux produits européens.
« Cette libéralisation anticipée est le résultat d’une politique clairvoyante. Elle est bonne pour tout le monde. Les grandes entreprises ont réalisé leur mise à niveau et les PME auront le temps de résoudre les problèmes éventuels », explique Taoufik Mlayah, président de la Société du commerce international de Tunisie (SCIT). L’abolition des droits de douanes s’applique évidemment aussi dans le sens Tunisie-Union européenne : « Avec l’ouverture des pays de l’ancien bloc de l’Est de l’Europe, un vaste marché se trouve désormais à notre portée », ajoute le patron de la SCIT.
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