Boucs émissaires

Publié le 7 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

L’inquiétude grandit de jour en jour. Les journalistes français Thomas Dandois, collaborateur occasionnel de Jeune Afrique, et Pierre Creisson ont bouclé le 7 janvier leur troisième semaine de détention à la prison de Kollo, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Niamey. Arrêtés le 17 décembre alors qu’ils tournaient un reportage pour la chaîne franco-allemande Arte, ils sont accusés d’« atteinte à la sûreté de l’État » et risquent la peine de mort ! Leur chauffeur, son apprenti et le propriétaire du véhicule loué par nos confrères sont pour leur part inculpés de complicité.
Les autorités reprochent à Dandois et Creisson d’avoir enfreint l’interdiction faite aux représentants de la presse de se rendre dans le nord du pays afin d’enquêter sur le conflit qui oppose l’armée aux rebelles du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Avant eux, Moussa Kaka, directeur de la radio Saraounia et correspondant de Radio France internationale (RFI) à Niamey, et Ibrahim Diallo Manzo, directeur du bimensuel Aïr-Info, avaient eux aussi été incarcérés, pour la même raison (ils avaient pris contact avec des membres du MNJ dans le strict exercice de leurs fonctions).
Pour Me Moussa Coulibaly, qui défend les quatre journalistes, le cas des deux Français est d’autant plus préoccupant qu’ils risquent d’être renvoyés devant une cour d’assises. Dans cette hypothèse, ils ne seraient fixés sur leur sort que dans plusieurs mois. « L’expérience montre qu’en matière criminelle le délai d’instruction le plus court est, au Niger, d’environ deux ans », déplore l’avocat. Bien entendu, la diplomatie française s’efforce d’obtenir la clémence du président Mamadou Tandja, ou, à tout le moins, la requalification en délit du prétendu « crime » de ses ressortissants. Mais Me Coulibaly n’est guère optimiste : selon lui, la situation « ne se débloquera pas en deux mois, comme ce fut le cas pour les membres de l’Arche de Zoé, la France n’ayant pas au Niger les mêmes moyens de pression qu’au Tchad ». De fait, la détérioration des relations entre Paris et Niamey depuis l’expulsion, le 26 juillet, de Dominique Pin, l’ancien directeur local d’Areva, ne plaide pas en faveur d’un déblocage rapide du dossier Tandja a d’ailleurs fait attendre pendant une journée, le 28 décembre, l’ambassadeur de France, qui lui avait demandé audience.
« Nous craignons que Thomas et Pierre soient au centre d’un contentieux politico-économique qui les dépasse, commente un ami des deux journalistes, le producteur Sébastien Camicas. Alors, pour l’instant, nous faisons profil bas, d’autant que François Bergeron [un documentariste français arrêté au Niger en septembre, NDLR] a été libéré au bout d’un mois. Nous sommes donc encore dans des délais raisonnables. »

La Matinale.

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