Bishob, le reggae pour religion

Nigérian installé à Bamako, cet interprète de 35 ans signe un premier album touchant et convaincant, produit par le Français Manjul.

Publié le 7 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Quartier de Kalaban Coro, à la périphérie de Bamako, Bishob reçoit dans un maquis. Chemise blanche impeccable, pantalon beige, il cache mal sa timidité. Délicat et sensible, il ne fait pas ses 35 ans, à l’image de la voix haut perchée que donne à découvrir son premier album, intitulé Get up and Try.
Jeune prodige au destin incroyable, Bishob est né dans une église de Benin City, au Nigeria, alors que sa mère allait prier avant son accouchement. Il a atterri voici un peu plus d’une dizaine d’années au Mali, sans argent, alors qu’il tentait de partir pour l’Europe… « Je ne pensais même pas au visa, je voulais faire comme j’avais entendu que d’autres le faisaient : traverser le Mali, l’Algérie, le Maroc et finalement rejoindre l’Espagne », se souvient le chanteur. « Je me suis retrouvé coincé ici mais je ne l’ai jamais regretté, parce que je crois que c’était le souhait de dieu. »
Fauché, Bishob travaille d’abord comme coiffeur, puis rapidement chante dans les maquis et les hôtels, des reprises rock, soul, jazz, blues ou reggae. « Les Bamakois sont très réceptifs et accueillants, ils adorent les étrangers. Si tu acceptes les règles et les lois du pays, tu n’as aucun problème, tu es aussi libre qu’un Malien », poursuit celui qui porte l’espoir dans son patronyme, Ighodaro Hope…
C’est avec Wolopine, le bassiste du groupe de l’hôtel Sofitel, qu’il rencontre en 2005 le producteur français Manjul, sensible à « sa voix teintée de soul » et à son personnage « très dur et très doux à la fois ». S’ensuivront deux ans de travail pour aboutir à ce premier album, distribué également en Italie, au Portugal, en Allemagne et au Japon…
Bishob, qui n’a pas remis les pieds au Nigeria depuis plus de dix ans, espère bien y retourner… « Quand j’aurai quelque chose à présenter aux gens, pour leur faire savoir que le fils perdu est de retour », glisse-t-il dans un sourire.
En attendant, c’est en Europe qu’il doit bientôt se rendre. Une tournée avec Manjul et le jeune et explosif reggaeman guinéen Takana Zion est prévue. Elle mènera fin janvier la caravane bamakoise d’Anvers, en Belgique, à la Maroquinerie à Paris.

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