Le sens des affaires

Même si l’Afrique ne représente qu’une faible part de leurs échanges commerciaux, les entreprises belges multiplient les prospections au nord comme au sud du Sahara.

Publié le 6 décembre 2004 Lecture : 4 minutes.

A l’étranger, la Belgique est renommée pour ses bières, son chocolat et ses bandes
dessinées. Mais ces marchandises ne représentent qu’une faible part des exportations nationales. Le royaume sait tirer profit de ses atouts: une situation privilégiée au cur de l’Europe, le port d’Anvers et une industrie de pointe. Il fabrique des machines, des équipements de transport, des produits pharmaceutiques et chimiques, ainsi que des composants électriques ; des bureaux installés à l’étranger se chargent de promouvoir et de commercialiser ces produits. La Flandre assure à elle seule 80 % des exportations belges. L’Afrique ne représente que 1,6 % des échanges de la Flandre et 1 % de ceux de la Wallonie. Ce marché n’est pas délaissé pour autant. De nombreuses missions commerciales
sont organisées chaque année vers le continent par les agences régionales d’appui aux entreprises : Bruxelles Export, l’Agence wallonne à l’exportation (Awex) et Export
Vlaanderen.
« Nous mettons tout en uvre pour renforcer les relations économiques avec l’Afrique », explique Corine Courbet, directrice de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture pour la Belgique, le Luxembourg, l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique
(CBL-ACP). Mais la conjoncture n’est pas très favorable : les entreprises belges sont pénalisées par la faiblesse du dollar et du yuan qui avantage les sociétés américaines et chinoises. D’ailleurs, les exportations flamandes vers le continent ont régressé de 8,2%
en 2003 et celles de Wallonie de 2,7 %.
L’Afrique du Nord arrive en tête des pays africains destinataires des produits belges. La Flandre a réalisé 1,16 milliard d’euros de chiffre d’affaires sur cette zone en 2003, la
Wallonie quelque 224 millions. Toutes les régions de Belgique ont de nombreuses antennes commerciales au Maghreb pour développer leurs activités. Elles peuvent également compter sur les missions officielles du royaume. En octobre, le prince Philippe a emmené 224
entreprises opérant dans plusieurs secteurs dont le textile, les équipements électriques
et électroniques et l’agroalimentaire pour qu’elles prospectent le marché tunisien. « Nos ventes sont en net progrès dans ce pays », indique Philippe Suinen, commissaire-directeur
des relations internationales Wallonie-Bruxelles. Même son de cloche du côté des sociétés flamandes.
Portée par les cours du pétrole et les bons résultats agricoles, l’Algérie devient
également un débouché intéressant. En octobre 2004, la société flamande Van Hool a signé un contrat pour la fourniture d’autobus à la ville d’Alger. Le Maroc n’est pas en reste.
Thomas et Piron International a récemment été choisi pour réaliser la construction de logements sociaux.
À l’autre extrémité du continent, l’Afrique du Sud est depuis longtemps un partenaire privilégié. La Belgique en importe des diamants et divers minerais, ce qui fait que la balance commerciale belge vis-à-vis de ce pays est largement déficitaire. Le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht, souhaite appuyer la diffusion des produits belges au sein de la nation Arc-en-Ciel. Les entreprises flamandes jouissent d’une bonne image dans ce pays, et les contacts avec les Afrikaners, qui détiennent une grande partie des activités commerciales, sont facilités par une langue commune.
Les entreprises belges se prennent à rêver d’un retour en force en République démocratique du Congo depuis la mise en uvre du processus de pacification. En mars 2004,
l’Agence wallonne à l’exportation, Bruxelles Export et Export Vlaanderen ont organisé la mission la plus importante jamais envoyée dans ce pays, avec plus de 121 entreprises
représentées. « Nos sociétés jouissent d’un capital de sympathie qui les avantage par
rapport à leurs concurrents », avance Jérôme Roux, attaché économique et commercial de l’ambassade de Belgique à Kinshasa. Pour autant, il ne faudrait pas minimiser la pression
qu’exercent leurs adversaires : l’Afrique du Sud forte de son rôle moteur dans le processus de transition , les Français, les Américains et les Italiens, sans oublier les Chinois, dont les produits pénètrent déjà fortement tout le pays via le commerce informel. La mission belge s’est traduite par la signature de contrats. La Société wallonne des eaux, notamment, a conclu une convention de partenariat pour la réhabilitation de la Regideso, la société nationale congolaise de distribution des eaux. Le bureau bruxellois Ellyps a enlevé plusieurs contrats d’études dans le domaine des infrastructures avec des entreprises locales.
À deux pas de la RDC, Bruxelles Export a organisé une mission économique au Rwanda et en Ouganda début décembre. « Ces deux pays offrent des opportunités d’affaires dans un climat politique et économique apaisé », indique Philip Feytons, de Bruxelles Export.
Si les entreprises belges opèrent un retour remarqué en Afrique centrale, il n’en va pas de même en Afrique de l’Ouest, où les activités subissent le contrecoup de la crise
ivoirienne. « Les sociétés font le gros dos en attendant que le calme revienne », indique Corine Courbet. La Belgolaise, filiale du groupe Fortis, est de celles-là. Elle a élargi sa zone d’action et opère dorénavant sur les marchés sud-africain et nigérian. Le CBL-ACP observe aussi la progression des échanges avec le Mali et le Burkina, liée à la mise en place d’un climat favorable aux affaires. En 2005 sont prévues plusieurs missions commerciales et participations à des salons ou foires en Angola, au Maroc, en Libye, en Algérie, en Tunisie, au Soudan, en Afrique du Sud, au Cameroun, en RD Congo, en Guinée,
au Sénégal, au Cameroun, au Nigeria et au Ghana. Vaste programme.

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