RDC : Tshisekedi réserve-t-il son grand cru pour le prochain mandat ?
À moins de deux ans de la présidentielle, le président congolais aura-t-il le temps et les marges de manœuvres suffisantes pour peaufiner son bilan et convaincre ses compatriotes ? Majorité, opposition, société civile, tout le monde pense déjà à 2023.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 15 janvier 2022 Lecture : 2 minutes.
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« Laissez décanter et oxygénez » : ce tutoriel de consommation de vins s’appliquerait-il aux process politiques, singulièrement lorsqu’ils sont congolais ? À ceux qui accusent le régime Tshisekedi d’avoir consumé une bonne moitié de son mandat présidentiel en affinages politiciens, les aficionados de « Fatshi » répondraient qu’une décantation quasi œnologique était indispensable après les périodes fermentées de Mobutu Sese Seko et des Kabila père et fils.
Dans cette sorte de mise en carafe d’un alcool politique congolais plutôt âcre, le fils de feu Étienne devait d’abord séparer le vin de goutte de l’alternance du dépôt de la continuité. Sans le jeu de bonneteau dont Emmanuel Ramazani Shadary fut le leurre, Félix Tshisekedi aurait-il pu constituer finalement son Union sacrée de la nation expurgée des kabilistes ?
Après sédimentation, dans la foulée d’une nouvelle majorité déjà en passe de célébrer son premier anniversaire, vint le temps des limogeages, des poursuites et des audits : à la Gécamines, au gouvernorat du Lualaba, à la Banque centrale du Congo (BCC) ou ceux que l’on décèle dans les interlignes de quelques contrats sino-congolais.
L’ivresse de l’autosatisfaction
Ajoutez à la décantation purgative l’oxygénation par la promotion de nouvelles personnalités politiques et le tour de passe-passe semblait jouer. Trop tard ? Alors que la précampagne de l’élection présidentielle de fin 2023 ne devrait pas manquer de débuter dès 2022, faut-il se résigner à ne voir dans le mandat actuel qu’une transition, un apprentissage, un soubassement, voire un tour de chauffe ?
Pour filer la métaphore vinicole jusqu’à la lie électorale, le régime peut brandir le millésime de la présidence – même mitigée – de l’Union africaine, avec l’affirmation d’un charisme présidentiel à l’international, charisme jusque-là sous-estimé, voire insoupçonné.
L’enquête « Congo Hold-up » pourrait devenir une alliée objective du président candidat
Et puisque le vin de la précampagne est presque tiré – le président est candidat à sa réélection –, autant le boire en acceptant l’ivresse de l’autosatisfaction : la croissance de l’économie pour 2021 a dépassé les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) ; des infrastructures se concrétisent, comme la route à péage vers Dar es-Salaam ; les réserves de la BCC augmentent ; les filières cacaoyères et caféicoles se professionnalisent ; la collecte fiscale s’affine ; la Cour des comptes prend ses marques ; le collectif budgétaire est en hausse ; les investissements dans les secteurs de l’électricité ou de la fibre laissent espérer la diversification économique tant invoquée…
Certes, il y a loin de la coupe du grand cru aux lèvres populaires. En ce qui concerne la mise en lumière, par les futurs candidats-adversaires, du verre à moitié vide – l’insuffisant succès économique au regard du potentiel ou l’introuvable sécurité dans l’est du pays –, « Congo Hold–up » pourrait devenir un allié objectif du président-candidat. L’enquête collaborative pourrait en effet tout autant anesthésier les envies de revanche rapide du clan de Joseph Kabila que refroidir les ambitions présumées de certains poids lourds comme Moïse Katumbi.
Tshisekedi s’est fait un prénom et le vin est censé se bonifier avec l’âge. Si le beaujolais nouveau sort en novembre, à quand le « Fatshi » nouveau ?
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