Escale camerounaise pour Mactar Silla

Fort de son expérience de l’audiovisuel international, l’ancien patron de TV5 Afrique a piloté le lancement de deux nouvelles chaînes à Douala.

Publié le 7 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Son parcours dans l’audiovisuel international ne l’a pas changé : Mactar Silla, 48 ans, ancien directeur de TV5 Afrique puis de la télévision sénégalaise, aujourd’hui à la tête d’une télé camerounaise, a gardé le contact et le sourire faciles. Pas de fausse humilité chez lui, mais une vraie générosité et une passion communicative pour le développement des médias en Afrique. Sa silhouette longiligne et son pas alerte ne passent plus inaperçus dans les aéroports de Nairobi, Abidjan ou Accra, villes où il a été en poste.
Douala est donc la nouvelle escale de ce nomade professionnel. « À mon départ de la radiotélévision sénégalaise en septembre 2002, des amis m’ont fait des propositions. Parmi eux, les frères Muketé, que j’ai connus à TV5 en 1992. Ils étaient les premiers porteurs de projets de diffusion numérique MMDS en Afrique, à un moment où investir dans la pierre était plus rentable. Ils m’ont fait part de leur projet de créer au Cameroun deux chaînes de télévision hertziennes en clair, raconte-t-il. Ils savaient mon intérêt pour ce pays : j’ai toujours fait appel dans mes fonctions à des Camerounais, comme Denise Epotè Durand [actuelle directrice de TV5 Afrique, NDLR] ou Alex Bleriot Momha, mon directeur des programmes à WorldSpace. J’ai promis de venir les assister, début 2003, pour quatre ou cinq jours. J’y suis encore. »
Au Cameroun, la loi en matière d’emploi des expatriés à la tête de grandes entreprises, même privées, impose quelques exigences. Il faut justifier le choix d’un non-national. Au terme de quatre mois de procédure, Silla est nommé directeur du groupe STV (Spectrum Television), propriétaire de STV1 et STV2 (en anglais). « Il m’a fallu reformater très vite le projet, le rendre à la fois panafricain et ancré au Cameroun », explique-t-il. Le 1er octobre 2004, les deux chaînes sont lancées en essai à Douala 24 heures sur 24 et, bientôt, elles sont présentes sur le satellite américain PanamSat, « afin de couvrir progressivement tout le pays et la quasi-totalité de l’Afrique ». La nouvelle télé a pour ambition de coller aux préoccupations quotidiennes des Camerounais avec des émissions comme Au coeur de la cité, qui donne la parole aux gens de tous horizons. Ou encore Cultural Flavours, qui propose un périple à travers les provinces du pays.
Le groupe n’est pas peu fier de sa plate-forme de diffusion et de production, qui explore « une nouvelle manière de faire de la télévision en Afrique, avec moins d’encombrement matériel, le recours à l’informatique sous toutes ses formes ». C’est sur ces piliers qu’il entend bâtir son label et sa stratégie, en respectant l’obligation légale des 30 % de production locale.
Certes, ce ne sont plus les moyens et le contexte des projets internationaux pour lesquels Mactar Silla a travaillé, mais c’est justement cette expérience que l’ancien président de l’Urtna (Union des radiodiffusions et télévisions nationales d’Afrique) trouve excitante. « J’apporte une méthode, une organisation, des procédures, bref des outils de gestion et mon réseau relationnel », explique-t-il. Il peut en effet se targuer d’avoir eu, en vingt-deux ans de carrière, l’occasion de tisser quantité de liens dans le milieu. À la tête de TV5 Afrique, il a négocié les droits audiovisuels des J.O. de Séoul pour tout le continent. Il quitte la chaîne francophone en avril 1998 pour piloter pendant deux ans et demi le développement en Afrique de WorldSpace, le leader mondial de la radiodiffusion numérique par satellite. Diplômé en droit, il avait été pendant dix ans, de 1982 à 1992, conseiller juridique de l’Urtna dont il assurera la présidence de 2001 à 2002.
Plus tôt, en février 2001, le président sénégalais Abdoulaye Wade lui avait confié les rênes de l’audiovisuel de son pays à la veille des législatives. Il tiendra dix-sept mois. Avant de créer à Dakar, « suivant le souhait de son défunt père », sa société MSA-COM (pour Mactar Silla & Associés), spécialisée en communication et multimédia. La peinture des locaux à peine sèche, le voilà dans ses nouveaux habits de directeur général du groupe STV. Cette tenue ne sera-t-elle pas trop étroite pour lui ? Non, répond-il sans hésiter. Convaincu qu’« un projet finit toujours par avoir la taille et l’envergure que la vision, les moyens et les ambitions de ses initiateurs lui octroient ». Homme de foi et de passion, il se dit prêt à se « jeter à l’eau » pour réussir.

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