Bienvenue à la France !

Thabo Mbeki invite chaudement les entrepreneurs de l’Hexagone à prendre pied dans la nation Arc-en-Ciel.

Publié le 7 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

« La France est citoyenne de l’Afrique ! » Thabo Mbeki n’y est pas allé par quatre chemins pour mettre à l’aise la délégation d’hommes d’affaires français qui s’est rendue dans son pays, du 24 au 26 novembre. Devant un parterre de businessmen sud-africains, réunis pour la première assemblée générale de Business South Africa (Busa – le nouvel organisme patronal réunifié), le chef de l’État a réaffirmé une volonté qu’il avait déjà exprimée lors de sa visite à Paris, il y a un an. « Nous avons beaucoup de choses à faire ensemble », a-t-il lancé à Ernest-Antoine Seillière, qui conduisait la délégation en tant que président du Mouvement des entreprises de France (Medef). Un patron des patrons qui ne s’est déplacé que deux fois cette année (en Russie et en Afrique du Sud) et dont l’organisation ne s’était pas rendue au pays de Mandela depuis 1999.
« Étant donné le passé de mon pays, a déclaré Mbeki, il semble naturel que nous soyons plus proches des Anglo-Saxons. Mais, c’est la première fois que je le dis en public, cela est faux : nous devons être plus proches des Français. » Et le message est passé. Tout sourires, les entrepreneurs français ont été impressionnés par le message présidentiel. « Journée historique » pour Jean Félix-Paganon, ambassadeur français à Pretoria ; « signe fort » pour Seillière, qui ne se souvient pas avoir été aussi bien reçu à l’étranger depuis sa lointaine visite au Brésil.
Rapprocher deux communautés d’affaires encore distantes n’est cependant pas de tout repos. La France n’est que le 6e partenaire commercial de la nation arc-en-ciel, son 14e client et son 6e fournisseur. Elle ne représente que 4 % du total des importations sud-africaines. Loin derrière les Allemands, les Américains, les Britanniques ou les Chinois. Pourtant, selon Frédéric de Rougemont, PDG de Lafarge South Africa, « on ne peut plus faire d’affaires sérieusement en Afrique sans passer par l’Afrique du Sud ». Une opinion partagée par les grands groupes français qui ont un bureau ou une filiale sud-africaine, à l’image de Renault, Alcatel, Thalès, Alstom, Suez, Bolloré… « Nous nous sommes installés ici par stratégie, reconnaît Didier Gamblin, patron de Danone en Afrique du Sud, associé au laitier Clover. On veut dorénavant attaquer le marché africain par, d’un côté, le Moyen-Orient, et, de l’autre, l’Afrique du Sud. » Degrémont, le spécialiste de traitement de l’eau, a ouvert un bureau commercial. « Pour des raisons pratiques de transport et d’image, je préfère être basé à Johannesburg qu’à Paris pour négocier nos contrats en Afrique », explique le directeur, Jean-Louis Pierrefeu. Henri de Villeneuve, président des conseillers du commerce extérieur, estime qu’« ici, on a un environnement qui a de l’appétit pour l’Afrique. À Paris, cet appétit ressemble à celui d’un anorexique ! »
Mais force est de constater qu’à part quelques exceptions, comme la grosse PME de déménagement AGS, les 150 entreprises françaises en Afrique du Sud comptent surtout des multinationales. Les plus petites structures hésitent encore devant l’inconnu. « Il y a une méconnaissance profonde de l’Afrique du Sud, explique un membre de la délégation. Pour les Français habitués à l’Afrique, il faut reconnaître que le travail est complètement différent. Plus proche de ce qu’on fait en Europe. »
Une autre manière de travailler, une législation difficile à assumer, notamment en raison des contraintes liées au Black Economic Empowerment, qui oblige les sociétés à intégrer la population noire au capital et au management de leurs entreprises, le monde économique sud-africain n’est pas toujours accueillant pour les Français, et certains, comme la Société générale, qui s’est retirée un peu prématurément il y a deux ans, y ont laissé des plumes. Mais Thabo Mbeki a ouvert une nouvelle porte et assuré Paris de son accueil bienveillant. La balle est aujourd’hui dans le camp des investisseurs français.

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