Assia el-Ouadie

Magistrate et militante, la « Mama des prisons » s’efforce d’améliorer les conditions de détention et la réinsertion des jeunes délinquants marocains.

Publié le 7 décembre 2004 Lecture : 1 minute.

Assia el-Ouadie est une militante dans l’âme. Mohamed el-Ouadie el-Assafi, son père décédé au mois de mai dernier, était une grande figure de l’opposition socialiste à Hassan II, un compagnon de route de Mehdi Ben Barka doublé d’un poète. Touria Sekkat, sa mère, était également militante et femme de lettres. « À 2 ans, je rendais visite à mon père en prison », se souvient Assia. Trois de ses frères et soeurs ont également été incarcérés, à l’époque du feu roi. Ce n’est donc pas un hasard si, après avoir longtemps milité pour les droits des femmes, et notamment des victimes de violences, elle s’efforce aujourd’hui d’améliorer la condition des jeunes détenus.

Juriste de formation, magistrate puis avocate, Assia a réintégré la magistrature, en 2000, au sein de l’administration pénitentiaire. Cofondatrice, en 1999, de l’Observatoire des prisons, membre de la Fondation Mohammed-VI pour la réinsertion des détenus et du Conseil consultatif des droits de l’homme, elle se bat sur tous les fronts. Avec succès. Un centre de formation continue a par exemple été mis en place, en 2003, à la prison pour mineurs de Casablanca. Trois cents jeunes âgés de 13 ans à 20 ans y suivent des cours
dans de multiples domaines : bâtiment, électricité, plomberie, mécanique, informatique
Par ailleurs, la création par plusieurs de ses proches de l’Association des amis des centres de réforme a permis d’améliorer sensiblement les conditions de détention des mineurs. Ces derniers bénéficient désormais d’un soutien juridique, médical et éducatif. Des événements culturels sont organisés à leur intention dans l’enceinte des établissements pénitentiaires. Pour « Mama Assia », comme la surnomment affectueusement les jeunes, « un enfant ne naît pas criminel, ce sont les circonstances qui le poussent à la délinquance ». « On peut les sauver, répète-t-elle, il faut leur donner une chance, mais il reste beaucoup à faire, notamment dans le domaine de la réinsertion postcarcérale. » On peut faire confiance à cette magistrate militante qui a su gagner la confiance des jeunes, de la société civile et du Palais royal.

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