Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 7 novembre 2006 Lecture : 4 minutes.

Un patron philanthrope
– À la lecture de l’article intitulé « Un brasseur sous pression », paru dans J.A. n° 2389, je tiens à apporter mon témoignage. J’ai travaillé comme cadre supérieur à la société Bralima à Kinshasa (RDC). Heineken détenait 70 % du capital en 1997. Jean François Van Boxmeer, alors administrateur délégué, a eu le mérite de sauver cette société. Elle allait droit à la faillite. Il avait réussi à récupérer les parts de marché perdues, voire à les augmenter grâce à ses talents de marketeur et à ses qualités managériales éprouvées. Van Boxmeer est un chef d’entreprise philanthrope, adopté par les travailleurs congolais. Il les a aimés jusque dans leurs coutumes. Votre article est très instructif sur ce personnage qu’on a baptisé Papa Bonheur à la Bralima. Veuillez lui transmettre mes félicitations à l’occasion de ses nouvelles fonctions de directeur général de Heineken.
Théophile Dilondi, Kinshasa, RD Congo

Djihad chrétien
– Dans l’article « Les dés sont pipés » de Mohamed Talbi (J.A. n° 2385), je vois le désir de montrer le christianisme agressif et l’islam pacifique. Le Christ dit à ses apôtres : « Allez et enseignez à toutes les nations. » Cela s’appelle le prosélytisme – moyen très lent de propagation du christianisme. Il a fallu 1 000 ans pour évangéliser l’Europe. Djihad, dites-vous, « jusqu’à l’effusion de leur sang ». Pas celui des autres – le père de Foucault assassiné à Tamanrasset, les cinq moines en Algérie naguère et combien d’autres martyrs L’islam, lui, se répandit par la conquête en chevauchées offensives sur toute l’Afrique du Nord – la religion fut imposée d’autorité. Pensez aux chrétiens d’Égypte obligés de payer une taxe pour avoir le droit de garder leur religion ! Les Turcs islamisés ne furent pas tendres avec les Byzantins : la prise de Constantinople en 1453 – un bain de sang. Dans les Balkans aussi, la violence était la règle. D’autre part, et tant pis pour le pape Benoît XVI, les religions n’ont rien à voir avec la raison. La foi ne se soumet pas à l’épreuve du rationnel. Comment faire coexister Adam et Ève et la préhistoire ?
« Je crois parce que c’est absurde ! » saint Augustin.
« Après moi, d’autres viendront prophétiser, ne les écoutez pas, ce sont des menteurs ! » Jésus.
Et comment imaginer un Être qui répand sur Terre des religions farouchement inconciliables ?
Ayons le courage, la simplicité aussi d’accepter notre finitude et rejetons les béquilles métaphysiques ! Je vous souhaite sérénité et paix en votre esprit.
Richard Crougneau, Bagneux, France

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À propos de Vatican II
– Je voudrais apporter quelques précisions à l’article sur le concile Vatican II, paru dans J.A. n° 2387. Cet article est court, donc forcément concis. J’ajoute tout de même quelques précisions ou corrections indispensables :
– Il faut éviter de parler de la « vision positiviste du monde moderne » dans le document Gaudium et spes. Vision positive et bienveillante du monde moderne, sans doute, mais pas « positiviste », ce qui impliquerait un jugement philosophique et réducteur du monde, ne donnant de l’importance qu’à la réalité extérieure et matérielle, ce qui n’est pas du tout la vision croyante de l’Église sur le monde.
– La formule latine Urbi et orbi s’applique uniquement à la bénédiction du pape du haut du balcon du Vatican, bénédiction donnée pacifiquement « à la ville et au monde », mais cette formule latine ne peut pas être appliquée à un contexte de lutte contre les injustices.
– Enfin, au sujet du courant intégriste au concile Vatican II, il y avait aussi Mgr Ottaviani, dont l’autorité était très forte au Vatican. Et pour l’excommunication de Mgr Lefebvre, celle-ci a été portée contre lui (par le document Ecclesia Dei) à la suite de l’ordination de quatre évêques en 1988, et non pas de l’ordination de prêtres. Il pouvait, à la rigueur, se permettre d’ordonner des prêtres, alors que l’ordination des évêques ne peut se faire qu’après la nomination expresse par le pape, ce qui, bien sûr, n’était pas le cas.
Gérard Guitton, prêtre franciscain, Orsay, France

Intelligence et ouverture
– Je n’ai pas participé au débat autour de l’ajout du terme Intelligent au titre original de Jeune Afrique. Il eût été intéressant d’examiner l’alternative J.A. Intelligence qui renvoie à la fois aux notions de rapport d’information et d’entente entre groupes. Un autre point : vous pourriez ouvrir plus fréquemment vos pages aux communautés africaines vivant hors d’Afrique ; il serait intéressant de donner la parole aux chauffeurs de taxi africains de Manhattan, aux étudiants de McGill à Montréal et, bien sûr, aux habitants de Paris ou Marseille, mais aussi Phnom Penh ou Brasília, par exemple.
Michel Laverdière, Accra, Ghana

Bas les armes !
– Nous, jeunes d’Afrique, sommes à la merci des autorités (administratives, politiques) qui abusent nos consciences, nos âmes pour faire de nous des guerriers, des Terminator entièrement à leur service. Tuer, piller ou détruire les nôtres, sous prétexte de régler les haines tribales ou les conflits régionaux est inadmissible. D’origine congolaise, je sais de quoi je parle pour avoir, à maintes reprises, exécuté les ordres « terminators ». Et me voici aujourd’hui seul responsable de ces actes, avec les conséquences que cela entraîne, le danger que j’encours. J’appelle les jeunes Africains à déposer les armes pour que nous allions tous ensemble vers le progrès.
Thibaut Armel Loubelomankessi, Hamm, Allemagne

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