Trois faucons dans la ligne de mire

Publié le 7 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

« La façon dont ils font leur boulot est tout simplement fantastique. » Alors que l’Irak s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos et que le cap des trois mille morts américains au combat sera probablement atteint avant la fin de cette année, George W. Bush a tenu, le 1er novembre, à réitérer son soutien total aux deux principaux responsables – avec lui-même – de la plus grande faillite américaine depuis la guerre du Vietnam : le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Désespérant ?
Désespéré plutôt, surtout en ce qui concerne le second, dont le départ est réclamé par 52 % des Américains, une belle brochette de généraux à la retraite, nombre d’élus républicains tétanisés par les élections de la mi-mandat (le 7 novembre) et, last but not least si l’on en croit le journaliste et enquêteur Bob Woodward, par Laura Bush, la première dame elle-même.
Le président juge que Rumsfeld supervise avec « courage et professionnalisme » les campagnes d’Irak et d’Afghanistan. Quant à Cheney, il ne se lasse pas d’apprécier son jugement, ses conseils avisés et – petit plus qui fait la différence – sa discrétion. « L’avantage avec le vice-président, commente Bush, c’est que ce qu’il me dit ne s’étale pas le lendemain dans les médias. »
Alors que la presse, justement, ne cesse de spéculer sur le limogeage annoncé de Rumsfeld – au plus tard dans six mois, à moins que ce ne soit plus tôt, dès que l’Iraq Study Group de James Baker aura rendu son rapport, très critique dit-on, sur la conduite des opérations en Irak -, ainsi que sur la mise au placard de Cheney, Bush affiche sa détermination. Sa volonté, a-t-il fait savoir au cours de la même interview accordée à l’agence Associated Press, est de conserver les deux hommes à ses côtés jusqu’au terme de mon mandat, fin 2008.
Cette obstination, qui confine à l’autisme, n’est évidemment pas dépourvue d’arrière-pensées politiciennes. Bush apprécie la loyauté des deux hommes, il ne souhaite pas donner l’impression de se déjuger en changeant de monture au milieu du gué et il tient à rassurer la frange la plus conservatrice de son électorat, inquiète des scandales de murs qui secouent le Parti républicain. Pour ces gens-là, « Don » et « Dick » sont des héros.
En sous-main, la Maison Blanche se bat aussi pour sauver la tête d’un troisième personnage, non moins conservateur que les précédents mais beaucoup plus menacé dans la mesure où son maintien ne dépend pas uniquement du soutien acharné de ses parrains : John Bolton. En 2005, la nomination au poste clé d’ambassadeur auprès des Nations unies de ce protégé de Dick Cheney se fit, on s’en souvient, au forceps, le Sénat ne l’ayant jamais approuvée officiellement. Bolton est donc en position précaire, « sursitaire » en quelque sorte. Une large victoire des démocrates le 7 novembre pourrait bien mettre un terme à l’expérience onusienne de ce faucon. Ni ses collègues du Conseil de sécurité ni la secrétaire d’État Condoleezza Rice, qui n’est jamais parvenue à le contrôler, ne s’en plaindront. À moins que Bush, à force de pression et de conviction, ne parvienne à obtenir des sénateurs sa confirmation, John Bolton devrait donc quitter la Maison de verre au plus tard en janvier 2007.

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