Mention bien pour les Pays-Bas

Là où d’autres s’éparpillent et se fourvoient, Amsterdam applique des critères draconiens liés à la bonne gouvernance ou à l’État de droit.

Publié le 7 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

On savait les pays d’Europe du Nord très appliqués en matière d’aide au développement. Qu’il s’agisse de la Finlande, de la Suède ou du Danemark, ce groupe respecte depuis de nombreuses années le ratio – 0,7 % du revenu national brut (RNB) – préconisé par l’ONU pour lutter efficacement contre la pauvreté. Des pays, qui, parallèlement, restent extrêmement soucieux de la cohérence de leur politique vis-à-vis du Sud.
Une nouvelle preuve de cette excellence a été apportée le 18 septembre par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son analyse de la politique néerlandaise. Alors qu’elle n’avait pas procédé à l’examen des Pays-Bas depuis 2001, l’OCDE n’a pas tari d’éloges sur ce pays, le qualifiant même de « précurseur par son aptitude à s’adapter aux nouveaux défis et à expérimenter des approches novatrices ».
La singularité des Pays-Bas se situe à trois niveaux. D’abord par le volume constant de ses soutiens, qui n’ont jamais faibli depuis 1975, atteignant chaque année 0,8 % du RNB (5,1 milliards de dollars en 2005), ce qui situe le royaume parmi les principaux donateurs internationaux. Ensuite par les ambitions des gouvernements successifs, qui sont conformes aux exigences des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Enfin par l’architecture de l’aide. Concentrée pour l’essentiel entre les mains du ministère des Affaires étrangères, avec les ambassadeurs comme opérateurs pivots, cette dernière a été entièrement reformulée en 2003 dans un mémorandum au titre évocateur : Mutual Interest, Mutual Responsabilities, Dutch Development Cooperation en route to 2015.
Coresponsabilité, concentration des pays cibles et décentralisation sont les trois maîtres mots de l’approche néerlandaise. Là où d’autres pays se fourvoient en ouvrant leur coopération à plus d’une cinquantaine de partenaires au risque de la voir se diluer, les Pays-Bas pratiquent une sélection plus minutieuse en appliquant des critères draconiens liés à la bonne gouvernance ou à l’État de droit. De fait, de 1950 à la fin des années 1990, le nombre de pays ciblés par Amsterdam est tombé à 36. Constitués principalement de pays moins avancés (PMA) ou à faible revenu (PFR), dont 16 situés au sud du Sahara, ces « pays partenaires » absorbent 62 % de l’aide bilatérale, hors humanitaire. Dans chacun d’eux, les interventions se concentrent sur un maximum de trois secteurs sur les cinq dans lesquels s’exerce la coopération néerlandaise (eau, santé, environnement, éducation, droits en matière de procréation).
Comme les Français, les Néerlandais restent attachés à leur politique en matière d’aide au développement. Ils en attendent légitimement un meilleur suivi. L’adoption d’une programmation pluriannuelle contenant un système de planification et une évaluation régulière des programmes ouvre la voie vers encore plus de transparence. Les Pays-Bas s’emploient d’ailleurs à appliquer les principes adoptés dans la Déclaration de Paris (2005) sur l’efficacité de l’aide. Un plan en cours d’élaboration, indique le CAD, « aidera vraisemblablement le ministère des Affaires étrangères à prendre les décisions judicieuses et à assurer la cohérence de leur mise en uvre et du suivi des progrès accomplis au niveau de tous les pays ».

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