Gagnant-gagnant

Quand un industriel s’associe à une organisation non gouvernementale pour desservir les populations défavorisées.

Publié le 7 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Permettre à des agriculteurs éloignés des marchés de connaître les cours de leurs produits, afin de pouvoir les vendre à un juste prix à leur grossiste. Bonne idée. Interpréter une radiographie numérisée des poumons à des milliers de kilomètres de l’endroit où elle a été faite, afin de sécuriser un diagnostic difficile. Bonne idée. Offrir un accès Internet haut débit à des populations vivant dans la rue. Pourquoi pas ? Depuis 2001, l’équipementier français Alcatel soutient ce genre d’initiative sur le continent africain, avec son opération « Digital Bridge » (pont numérique).
« Notre objectif est de créer des solutions gagnant-gagnant fondées sur une utilisation innovante des technologies dans les régions peu desservies, souvent rurales, des pays émergents », explique Thierry Albrand, en charge de la question depuis 2004 au sein du groupe français Alcatel. Derrière l’idée généreuse, les équipementiers comme lui ont tout intérêt à élargir la cible de leurs utilisateurs. Cela augmente le trafic et rentabilise les investissements. Cette prouesse a bien été réalisée pour les téléphones mobiles, utilisés en Afrique par des personnes pauvres, grâce au système des cartes pré-payées. Mais un tel exploit peut-il être dupliqué pour l’accès Internet ?
Illustration de la méthode « Digital Bridge » à Madagascar. Dans ce pays de 17 millions d’habitants, 12 000 personnes (1 pour 1 400) ont un accès à Internet. Normal puisque l’équipement des ménages en micro-ordinateurs est insignifiant et le coût de la connexion haut débit exorbitant (75 euros par mois). Pourtant Alcatel a passé, le 28 septembre dernier, un contrat de partenariat avec une ONG renommée, ATD Quart Monde, et un fournisseur local d’accès à Internet, DTS. Alcatel installe les machines et le réseau, DTS paie les communications Internet pendant deux ans et ATD Quart Monde sélectionne les personnes qui bénéficieront du programme. Le défi est de permettre à 50 artisans de créer une activité rentable – un atelier d’artisanat dont les produits seraient vendus sur Internet. Alcatel met 150 000 euros dans l’opération, qui est aujourd’hui financée à 75 % et doit démarrer au premier trimestre 2007. À voir. En cas de succès, le projet aura valeur d’exemple et donnera peut-être des idées à d’autres. Alcatel s’appuie sur une expérience sénégalaise pour démontrer la validité de son opération de marketing humanitaire. Depuis 2003, la société Manobi permet à des agriculteurs et des pêcheurs de connaître en temps réel le cours de leurs produits sur le marché, pour les vendre au meilleur prix. Le service est payant, 15 euros par mois, mais il est vite rentabilisé car le revenu des agriculteurs a pu augmenter jusqu’à 30 %, selon les chiffres d’Alcatel.

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