Affaires de famille

Une enquête réalisée par le Centre des jeunes entrepreneurs dresse le portrait type du patron tunisien.

Publié le 7 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Aux entrepreneurs tunisiens actuellement en activité, pour la plupart des self-made men formés sur le tas, quel type d’hommes vont succéder ? Les membres du Centre des jeunes entrepreneurs lié à la centrale patronale ont commandité une enquête pour tenter de répondre à cette question. Une façon de mieux se connaître, et surtout de se faire connaître.
L’enquête, qui date de septembre dernier, fait la distinction entre les jeunes promoteurs créateurs d’entreprise et ceux qui reprennent une entreprise familiale. Ceci dit, les résultats démontrent que la création d’entreprise est surtout le fait d’enfants dont le père est lui-même chef d’entreprise. Bien que l’on ne dispose pas d’indications sur le niveau d’éducation des pères, il est évident que ces derniers ont investi dans la formation de leur progéniture : 85 % des repreneurs d’entreprise ont fait des études supérieures, 54 % des études de troisième cycle et 23 % ont atteint le doctorat (le reste ayant quitté l’université dès le premier cycle). Concernant la reprise d’entreprises familiales, au moins un des héritiers a suivi des études à l’étranger (surtout aux États-Unis et en France). ?La moitié des repreneurs et créateurs sont originaires des régions du Sahel (Sousse, Monastir) et de Sfax, lieu de concentration d’activités économiques et région où l’esprit d’entreprise est historiquement mieux développé qu’ailleurs. Seulement 12 % de ces jeunes patrons sont originaires du Grand Tunis. La plupart des créateurs ont fait des études de gestion (44 %), d’ingénieur (15 %) et d’informatique (12 %). Selon l’analyse faite par Karim Ben Kahla, qui a supervisé l’enquête, la première source de motivation pour la création d’entreprise semble être la recherche de l’autonomie et la liberté d’action. Elle est suivie par l’envie d’utiliser et de développer certains traits de personnalité ainsi que par la volonté d’améliorer sa propre situation financière. Le fait que 69 % des créateurs déclarent avoir un père dirigeant d’entreprise et semblent avoir profité d’une aide en capital ou en savoir-faire permet de conclure que cet « héritage » parental relativise la distinction établie entre créateurs et repreneurs d’entreprises.
Néanmoins, l’enquête, et c’est là son principal point faible, n’apporte pas d’explication au fait que la région Nord-Ouest, réputée la plus pauvre et la moins peuplée du pays, fournisse 28 % des créateurs d’entreprise et même 15 % des repreneurs. Elle ne fournit pas non plus d’explication sur le fait que les femmes, majoritaires à l’université, ne représentent que 21 % des créateurs d’entreprise et 19 % des repreneurs. Certes, elles font apparemment mieux que leurs aînées dans beaucoup d’autres secteurs. Mais il serait intéressant de savoir pourquoi elles sont moins nombreuses dans l’entreprenariat. Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que, conformément à la tradition, ce sont les garçons qui succèdent au père dans la gestion du patrimoine familial. En partie seulement.

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