Pour quelques millions de dollars de plus

Le drapeau américain flotte à nouveau devant le siège de l’organisation internationale à Paris. Un retour émouvant et… payant.

Publié le 6 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Sur la piazza centrale de l’Unesco, place Fontenoy à Paris, la cérémonie qui consacrait le retour des États-Unis au sein de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture a pris une tournure émotionnelle, ce 29 septembre. Main droite sur le coeur, la délégation américaine conduite par Laura Bush a écouté, debout, le premier couplet de l’hymne national entonné a capella par la mezzo-soprano Susan Graham, originaire, comme la première dame, de Midland (Texas). Le Stars and Stripes s’est alors élevé au milieu des cent quatre-vingt-neuf autres drapeaux représentant les pays membres de l’organisation. C’est le représentant démocrate californien Tom Lantos, membre du Comité pour les relations internationales, qui a conduit les négociations pour ce retour. Au point qu’il en attribue aujourd’hui la paternité au Congrès, et non à la Maison Blanche. D’aucuns disent que c’est pour cette raison que le président Bush ne s’est pas déplacé en personne. D’autres affirment que le motif du divorce de 1984 n’est pas oublié chez les républicains. Le président Ronald Reagan avait alors estimé que l’UNESCO était non seulement mal gérée et rongée par la corruption, mais qu’elle était devenue une tribune pour l’antiaméricanisme primaire. Rien de moins.
Nulle mention de ce différend dans le discours que Laura Bush a prononcé devant les participants à la 32e session de la Conférence générale, qui se tient jusqu’au 17 octobre. Pour son troisième voyage officiel en solo, l’épouse du président s’est contentée de généralités, rappelant au passage qu’elle connaissait bien le sujet pour avoir été institutrice et bibliothécaire. Elle a d’abord plaidé en faveur du développement de la culture, « un moyen d’aider à la paix et de répandre les valeurs qui vont aider à lutter contre le terrorisme et amener un monde meilleur et plus sûr : éducation, tolérance, respect de la vie humaine et des différences ». De beaux principes pas toujours appliqués dans son propre pays. Elle a ensuite mis l’accent sur les quatre principaux sujets qui constituent les priorités d’action pour la nouvelle équipe américaine de l’UNESCO, à savoir l’alphabétisation, la qualité de l’enseignement, la reconstruction des systèmes éducatifs dans les pays touchés par les conflits et l’éducation sur le sida. Le programme Éducation pour tous (EPT) de l’UNESCO rejoint ainsi les objectifs du projet du président Bush intitulé No Child Left Behind (« Aucun enfant laissé en arrière »), pour lequel le Congrès a voté, en 2001, un budget de 15 millions de dollars.
La participation des États-Unis au budget de l’UNESCO sera largement supérieure à cette somme. L’organisation attend que son nouveau membre s’engage à concurrence de 22 % du budget total, qui est de 610 millions de dollars pour les deux prochaines années. Une telle contribution entraînera, bien évidemment, un droit de regard acéré de la part du bailleur de fonds sur l’emploi de son argent. Il sera exercé par la nouvelle ambassadrice Louise V. Oliver, une républicaine ultraconservatrice, qui occupait précédemment les fonctions de présidente de l’Organisation pour la mobilisation des électeurs, le recrutement et la formation des candidats républicains, autrement dit une femme rompue aux arcanes de la stratégie politique.

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