Mwanawasa aux abois

Pris entre le marteau des syndicats de la fonction publique et l’enclume du FMI, le chef de l’État vit des heures difficiles.

Publié le 6 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Lorsque, après l’élection présidentielle de décembre 2001, Levy Mwanawasa arrive à la tête de la Zambie, il passe pour la marionnette de Frederick Chiluba, son prédécesseur. Contraint de se retirer au terme de son deuxième mandat, ce dernier était manifestement soucieux de protéger ses arrières… Mauvaise pioche ! Très vite, l’ancien président est lâché par son « ami » Mwanawasa, membre comme lui du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD), le parti au pouvoir. Résultat : Chiluba doit répondre aux côtés de Xavier Chungu, l’ancien patron des services de renseignements, de graves accusations de malversations pendant l’exercice de ses fonctions. Au total, pas moins de soixante-cinq chefs d’inculpation ! Mais Mwanawasa est aujourd’hui dépassé par les conséquences politiques de sa croisade contre la corruption du régime précédent. Pris entre le marteau des syndicats de la fonction publique et l’enclume du Fonds monétaire international (FMI), il vit des heures difficiles.
Malgré l’échec d’une procédure d’impeachment déclenchée contre lui, le 14 août, sa marge de manoeuvre se réduit comme peau de chagrin. Après l’invalidation par la Cour suprême de l’élection de quatre députés MMD, il ne dispose plus que de trois sièges de majorité au Parlement. Ce qui signifie que l’opposition peut fort bien devenir majoritaire à l’issue des prochaines élections partielles. Pour ne rien arranger, Mwanawasa est également confronté à la fronde de certains responsables de son parti, notamment l’ancien vice-président Enock Kavindele. Restés fidèles à Chiluba, les caciques du MMD sont en effet ulcérés par la campagne anticorruption en cours, qu’ils assimilent à une chasse aux sorcières.
Enfin, début septembre, le pays a été paralysé par une longue grève générale – deux semaines. Cent vingt mille fonctionnaires réclamaient le paiement d’indemnités de logement impayées depuis quatorze mois. Le 29 septembre, les enseignants ont finalement eu gain de cause. Ce qui ne risque pas d’améliorer les rapports entre les autorités zambiennes et le FMI. En raison du dérapage de ses dépenses publiques, la Zambie ne pourra en effet bénéficier, au mois de décembre, d’un important allègement de sa dette extérieure au titre de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Il lui faudra attendre 2004, dans le meilleur des cas, pour obtenir une réduction de sa dette de 3,8 milliards de dollars (sur un total de 7,1 milliards). En attendant, Mwanawasa s’apprête à organiser une réunion de crise avec les partis d’opposition, les organisations de la société civile et les leaders religieux. Pour tenter d’obtenir une trêve sociale.

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