Le mystère von Bülow

Publié le 6 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Selon un récent sondage, un Allemand sur cinq est convaincu que l’administration Bush a organisé les attentats du 11 septembre 2001. Et que la tragédie du World Trade Center n’était qu’une machiavélique mise en scène destinée à justifier le déclenchement des interventions en Afghanistan et en Irak. Tout se passe comme si l’Allemagne, jadis alliée parmi les plus fidèles des États-Unis, basculait peu à peu dans un antiaméricanisme qui va bien au-delà des rêveries post-gaulliennes d’un Dominique de Villepin et confine parfois à la paranoïa. Contrecoup imprévu de la réunification et de la disparition de la menace soviétique ? On ne sait.
Le phénomène prend une ampleur telle que le très sérieux hebdomadaire Der Spiegel vient d’y consacrer une cover-story. La manifestation la plus spectaculaire en est sans doute la publication chez l’éditeur munichois Piper Verlag d’un ouvrage d’Andreas von Bülow intitulé La CIA et le 11 septembre, dont 90 000 exemplaires se sont déjà arrachés. On se presse aux lectures publiques faites par l’auteur comme à un concert de hard-rock.

Comme l’indique son illustre patronyme, celui-ci n’est pas le premier venu. Ancien secrétaire d’État à la Défense (1976-1980), puis ministre de la Recherche et des Technologies, il a siégé vingt-cinq ans durant au Bundestag dans les rangs du Parti social-démocrate (SPD). Depuis 1994, il s’acharne à développer une conception très policière des relations internationales. Selon lui, ce ne sont pas les masses qui font l’Histoire, et les races pas davantage, ce sont… les services secrets. Singulièrement américains et israéliens. Andreas von Bülow est un adepte de la « théorie du complot ».
Pour lui, aucun doute : el-Qaïda n’est pas l’auteur des attaques contre les tours jumelles (« c’est faux à 99 % »). Pourquoi ? Parce qu’une opération de ce type représente, sur le plan technique et organisationnel, le nec plus ultra du terrorisme. Sous-entendu : comment voulez-vous qu’une poignée de Bédouins aient réalisé ce tour de force sans l’aide, à tout le moins, des Américains ? Le fait que les Occidentaux n’aient plus le monopole de la haute technologie et que des savants atomistes, par exemple, soient aujourd’hui de sensibilité islamiste n’effleure pas von Bülow. Imperturbable, il soutient que les prétendus kamikazes du 11 septembre se portent aujourd’hui comme un charme. On lui demande des preuves, il répond qu’il se borne à poser des questions. De préférence sans réponse. « Je me suis contenté de mettre bout à bout les choses qui ne collent pas dans cette affaire », avoue-t-il. Cela suffit-il à fonder une conviction « à 99 % » ?

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires