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Publié le 6 octobre 2003 Lecture : 5 minutes.

Un diplomate à l’Unesco
Pierre Falcone a été nommé ambassadeur de l’Angola auprès de l’Unesco et bénéficie donc désormais de l’immunité diplomatique. Rien d’anormal jusque-là. Sauf que ce nouveau « diplomate » était un marchand d’armes de guerre peu scrupuleux, poursuivi en justice par un juge français pour trafic illicite d’armes vers l’Angola (votre article paru dans le n° 2229). Si les gouvernants se mettent à utiliser leur pouvoir pour mettre à l’abri de toute poursuite judiciaire des ex-serviteurs patentés, s’ils transforment nos institutions internationales en « planques », comment peut-on demander aux jeunes d’avoir le sens du civisme, de la justice pour tous et de l’humanisme ? Qu’attendent nos illustres « ambassadeurs onusiens » pour réformer un droit international devenu pervers ?

« Shégués » ou « phaseurs »
Le nouveau gouvernement de transition de la RD Congo (avec quatre vice-présidents !) n’est pas une garantie pour la paix. C’est une paix de méfiance et d’apparence. Il n’ y a pas encore eu de cessez-le-feu définitif. Trop de gabegie politique, de tribalisme, de népotisme, le pays s’enfonce dans l’abîme et la population est abandonnée à elle-même… Le gouvernement n’arrive même pas à faire face au phénomène des enfants de la rue, communément appelés : les « shégués » ou « phaseurs ». À Kinshasa, ces enfants sèment la terreur, font du banditisme, volent à l’arme blanche, se droguent et violent. Adultes, ils seront de véritables machines à tuer, un fléau pour toute la RDC.

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La motivation plutôt que la compétition
C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu le « Ce que je crois » concernant l’attitude peu agressive des femmes face à la compétition (J.A.I. n° 2218). Attitude qui serait, selon BBY, la séquelle d’un asservissement multimillénaire. Je suis une femme de 51 ans d’origine française née au Maroc, qui gère un grand cabinet médical de médecine interne à Genève. J’ai derrière moi trente ans de militantisme féministe actif. Je trouve votre argumentation admirable et suis ravie de la voir paraître dans un journal qui s’adresse à de nombreuses personnes venant de pays où le statut des femmes est encore bien difficile.
Néanmoins, je pense que vous n’êtes pas allé jusqu’au bout du raisonnement. Et cela parce que, dans cet article, vous ne remettez à aucun moment en question la valeur du processus de compétition. La compétition est-elle une bonne méthode, est-elle celle qui donne les meilleurs résultats, surtout au long terme ? Ce sujet à donné lieu à de nombreux débats dans les milieux féministes. Beaucoup de femmes pensent que lorsqu’on est motivé essentiellement par la compétition, on produit des choses qui nous permettent d’être « le meilleur tout de suite », mais qui ne sont pas forcément « les meilleures des choses ». Alors que si l’on est motivé uniquement par le désir de bien faire, on produit quelque chose de beaucoup plus solide, adéquat, inventif, etc.
De ce fait, beaucoup de femmes (et de plus en plus d’hommes) pensent qu’il faudrait cesser de donner une valeur positive à la notion de compétition. Peut-être même faudrait-il commencer à lui donner une connotation plutôt négative. Et, au contraire, imposer la notion de motivation, le sens du devoir et l’amour du travail bien fait.
Ce débat n’est en fait pas nouveau. L’idée que la compétition est bonne est totalement combattue dans les Évangiles, ainsi que dans le bouddhisme, par exemple. La compétition, en tant que jeu, peut être amusante. Mais, par définition, elle amène forcément à la notion d’un gagnant et donc d’un perdant ! Elle est donc sans issue pour atténuer les inégalités. Le jour où les femmes gagneront, ce sera forcément sur le dos des hommes…

Choquée par Francis
Je réagis à l’article de Francis Kpatindé paru dans l’intelligent n° 2222-2223 du 10 au 23 août 2003, sous le titre : « Cachez-moi ce bout de… ». Francis déplore la nudité et l’impudeur qui se répandent au sein de l’Occident. Son article commence plutôt bien et c’est la raison pour laquelle, adhérant à ses idées, j’ai poursuivi ma lecture. Au fil des lignes, mon incompréhension a grandi et s’est transformée en une sourde colère. Je lis : « Le voile, c’est beau, c’est chic, c’est fantaisiste, c’est aphrodisiaque et drôlement excitant. » Francis s’est-il demandé une seule fois ce que signifie ce voile pour les femmes qui le portent ? S’est-il demandé à quel point ce qu’il trouve excitant est une négation de l’âme ? Je suis sincèrement choquée, bien qu’Occidentale et n’ayant jamais porté le voile, par de tels propos sexistes et bafouant la souffrance féminine.

Despotisme révolu
Le putsch militaire survenu en Guinée-Bissau (J.A.I. n° 2228) vient nous rappeler que le pouvoir kaki ne s’est jamais vraiment trop éloigné du pouvoir, sauf dans certains pays où la démocratie a vite résolu le problème en confinant les militaires dans les casernes et en opérant une vraie ouverture politique.
À quelque chose malheur est bon, serait-on tenté de dire dans le cas de la Guinée-Bissau. Car même si le président Yala a été élu démocratiquement en 2000, la situation du pays s’est gravement dégradée durant son mandat. Personnage excentrique et assez imprévisible, il n’a pas pu résoudre les problèmes auxquels les Bissauguinéens étaient confrontés. Donc l’intervention des militaires, aussi condamnable qu’elle puisse être, est logique. Une situation comparable existait en Centrafrique sous Patassé. Il est temps que les chefs d’État africains prennent conscience de leur responsabilité envers leurs citoyens. Ils doivent, par exemple, cesser de marginaliser l’opposition, de museler la presse, de s’entourer de gens incompétents qui ne leur disent que ce qu’ils veulent bien entendre. Le temps du despotisme est révolu !

Erratum
Une erreur technique a rendu incompréhensible une infographie publiée dans le n° 2229, à la page 38 : le cumul des prêts de la Banque mondiale à l’Afrique du Nord. La hauteur des barres est correcte, mais les valeurs sont erronées. Voici les chiffres exacts (en milliards de dollars) : Maroc (8,7), Égypte (6,5), Algérie (5,9), Tunisie (5,1) et Mauritanie (0,9). Mille excuses.

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Seulement la justice
Marocain de 45 ans, immigré en France, je voudrais vous faire part de l’injustice subie par ma famille au Maroc. En 1993, mon père a été tué dans un accident de moto, le coupable n’a toujours pas été retrouvé. Sa société d’assurance n’a pas remboursé un centime à ses enfants. Et, depuis lors, c’est moi qui entretient ma famille. D’autant plus que ma mère est décédée à la suite d’une agression (une voisine l’ayant frappée sur la tête avec une barre de fer). Nous avons porté plainte, mais nous n’avons jamais reçu aucune réponse à ce jour. J’ai également écrit il y a un an une lettre avec accusé réception au roi, mais je n’ai jamais reçu de réponse. Pourtant, je ne demande aucune faveur, mais seulement justice.

Un destin exceptionnel
S’il n’y avait pas eu de coup d’État en décembre 1999, Laurent Gbagbo ne serait probablement pas devenu président de la Côte d’Ivoire en 2000. L’insurrection de septembre 2002 a fait découvrir un véritable homme politique, un homme rusé et surtout audacieux : « Je suis d’une culture où l’on n’invite pas les gens à aller au combat. On y va. Un point c’est tout. Me suive qui veut » (J.A.I. n° 2227). Vivement que ce destin exceptionnel l’aide à réconcilier tous ses compatriotes et à ramener la paix.

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