François Bozizé

Président de la République centrafricaine

Publié le 6 octobre 2003 Lecture : 3 minutes.

Sa dernière visite à Jeune Afrique remontait à janvier 1992. À cette époque, François Bozizé sortait à peine des geôles centrafricaines. Après deux ans et demi de détention au cours desquelles il avait subi tortures et humiliations, cet officier supérieur originaire de Bossangoa, dans le nord-ouest du pays, voyait enfin le destin lui sourire.
Onze ans plus tard, c’est en chef d’État que François Bozizé est revenu nous rendre visite. De retour de New York, où il a participé à l’Assemblée générale des Nations unies, le président centrafricain a profité de son escale parisienne pour faire un crochet par la rue d’Auteuil, accompagné d’un familier des lieux, le ministre des Affaires étrangères Karim Meckassoua. Accueilli au siège de Jeune Afrique/l’intelligent le 26 septembre par Béchir Ben Yahmed, le PDG du groupe, et François Soudan, le directeur de la rédaction, le tombeur d’Ange-Félix Patassé a présenté sa visite comme « une manière de venir à la source pour mieux voir l’avenir ». Malgré son verbe rare et une raideur encore toute militaire, François Bozizé ressemble désormais plus à l’homme d’État qu’il est devenu il y a six mois qu’à un officier putschiste. Arrivé au pouvoir le 15 mars dernier, ce diplômé de l’École de guerre de Paris porte désormais des costumes croisés, et accole le qualificatif de « président » à celui de « général » en guise de signature.

Six mois après le changement de régime, l’avenir de la Centrafrique reste incertain. Mais Bozizé, à 57 ans, veut y croire, et garde en permanence l’oeil fixé sur sa feuille de route, c’est-à-dire les engagements pris en juin dernier devant ses pairs de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) : le Dialogue national qui s’est ouvert le 15 septembre à Bangui, et le calendrier de la transition qui prévoit la tenue de l’élection présidentielle en janvier 2005. « J’estime que 80 % de ce qui était exigé a été fait, souligne Bozizé, et je regrette que la communauté internationale veuille précipiter la transition sans donner au pays les moyens de se redresser. Le président français Jacques Chirac, que j’ai rencontré au cours de mon séjour à New York, m’a promis de favoriser la reprise rapide de la coopération entre la République centrafricaine et la France. Je n’ai aucun doute : il tiendra parole. »
Tout comme la France au lendemain du coup d’État du 15 mars, l’Union européenne a gelé son aide financière jusqu’à ce que la situation institutionnelle se normalise. En attendant des jours meilleurs, le président Bozizé s’attache à boucler les fins de mois tout en mobilisant les ressources disponibles pour la reconstruction. Le budget de fonctionnement de l’État centrafricain est estimé à plus de 4 milliards de F CFA par mois (6 millions d’euros), alors que ses recettes propres atteignent péniblement 2 milliards. « Nous avons trouvé le pays dans un état de délabrement avancé. Certes, nous bénéficions du soutien de nos voisins. Le président gabonais Omar Bongo et les États membres de la CEMAC nous assistent militairement et financièrement. Mais c’est d’un véritable plan de redressement économique dont la Centrafrique a besoin. Il nous faut valoriser nos richesses. »

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Dans cette optique, des états généraux du secteur minier se sont tenus en juillet, et la législation va être modifiée pour rendre le secteur plus attractif et plus sûr. « Il nous faut garantir la stabilité nécessaire aux investisseurs étrangers, poursuit le chef de l’État. Lorsqu’il est venu à Bangui, le responsable Afrique au Medef International, Michel Roussin, m’a d’ailleurs affirmé que les entreprises françaises sont disposées à reprendre le chemin de la République centrafricaine. »
Pour l’heure – et même si, à tort ou à raison, plus personne ne doute de sa future candidature -, François Bozizé se refuse à aborder le sujet de l’élection présidentielle, comme pour préserver l’union qui s’est faite autour de sa personne. Nommé général sous Bokassa, promu ministre de la Défense par David Dacko, accusé de complot par le régime d’André Kolingba, tombeur d’Ange-Félix Patassé, son parcours résume, à lui seul, toutes les convulsions qui ont secoué le pays depuis quarante ans.
Saura-t-il briser ce cycle infernal ?

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