Et maintenant, ils émigrent
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Cela pourrait s’intituler « Du sionisme au diasporisme », et s’apparente à un début de révolution dans la société israélienne. Toute l’entreprise sioniste, en effet, reposait sur l’idée que les Juifs plus ou moins persécutés, en tout cas menacés, dans leur pays de résidence, ne trouveraient leur salut que dans une « libération nationale » qui leur donnerait un État où ils formeraient la majorité. D’où l’alyia, la « montée » vers Israël, qui se nourrissait ainsi de l’immigration des Juifs de la diaspora.
Or c’est au mouvement inverse qu’on commence d’assister aujourd’hui. Des Israéliens de plus en plus nombreux, fils d’immigrés, parfois ex-immigrés eux-mêmes, choisissent de quitter la Terre promise. Depuis trois ans, début de la seconde Intifada, le nombre de demandes de visa pour les États-Unis, au consulat américain de Tel-Aviv, a augmenté de 400 %. Autres destinations appréciées : le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, dont de nombreuses firmes publient des annonces dans les journaux israéliens en vue de faciliter à leurs lecteurs l’obtention de permis de travail. Plus remarquable encore : les consulats de Pologne, de Roumanie et de Hongrie, tous pays candidats à l’Union européenne, voient affluer des Israéliens qui en sont originaires pour en solliciter à nouveau la citoyenneté.
Qui sont donc ces Juifs si disposés à « redescendre » après être « montés » – ce qu’un sionisme pur et dur n’est pas loin de considérer comme une trahison ? Le plus souvent, des adultes dans la trentaine, célibataires ou jeunes mariés, qui partent alors en couple, déprimés par la récession économique conjuguée à une situation politique sans issue et qui ne voient pas d’avenir pour leurs enfants sur ce coin de terre auquel ils ne se sentent pas viscéralement attachés.
Ces émigrants inattendus, quelquefois, n’osent pas avouer toute la vérité à leur famille ou à leurs proches. Un peu gênés, ils disent qu’ils partent pour de courts séjours. Généralement bons professionnels, notamment dans les industries de haute technologie, ils trouvent sans difficulté des emplois, souvent aidés par les communautés juives locales. Ainsi leur exode prend-il figure d’une véritable « fuite des cerveaux » qui commence à inquiéter les dirigeants d’Israël.
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