Aboubacar « Titi » Camara

International guinéen de football

Publié le 6 octobre 2003 Lecture : 3 minutes.

Premier footballeur guinéen à avoir joué dans l’élite des championnats français et anglais, meneur de jeu depuis quatorze ans du Sily, l’équipe nationale de Guinée, Aboubacar Camara, alias « Titi », est désormais proche de la fin de sa carrière. À bientôt 31 ans, il est en passe de rejoindre le groupe des très jeunes retraités que sait si bien produire le football professionnel. Titi souhaite encore jouer deux ans avant de raccrocher les crampons.
En août 2003, il a quitté son club londonien, le West Ham United, qui l’avait « acheté » pour 2,5 millions de livres sterling (3,55 millions d’euros) en décembre 2000. Son contrat, qui courait jusqu’en juin 2004, a été résilié après son départ à Conakry en juillet pour défendre les couleurs de son pays lors d’un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2004. Il n’a pas été autorisé à reprendre l’entraînement sur le gazon londonien. L’affaire soumise à la justice anglaise, il a plié bagage fin août, et s’est installé avec Mariam, sa femme, et Sékou et Oumy, ses enfants de 6 ans et 3 ans, à Paris, dans son luxueux appartement du 17e arrondissement.

Depuis, Titi cherche un club et étudie des propositions qui lui ont été faites dans certains pays arabes, en Espagne et en Allemagne. Mais sans sembler être vraiment intéressé. A-t-il commencé à prendre goût au repos, ou aux charmes de la capitale française ? Sa vie à Paris ne lui déplaît visiblement pas. Chaque jour, il dépose ses enfants à l’école bilingue où ils sont inscrits, puis effectue ses joggings quotidiens au bois de Boulogne, dans le 16e arrondissement, en fin de matinée et dans l’après-midi. Restaurants, séances de cinéma et détente dans des parcs d’attractions ponctuent plus ou moins régulièrement le reste de la journée… Quand il ne se met pas au volant de sa Ferrari grise, qui a coûté la bagatelle de 250 000 euros, vêtu de jeans, veste en cuir et de lunettes de soleil, pour ces virées motorisées qu’il apprécie tant. « À cause de la voiture, les policiers m’arrêtent tous les jours pour vérifier mes papiers d’identité. Avant de me reconnaître et de me laisser passer », commente-t-il.

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Le reste du temps, Titi regarde la télévision, en évitant les émissions politiques, lit beaucoup, principalement des ouvrages sur l’islam, et prie cinq fois par jour. Le footballeur est el hadj, à la faveur de son pèlerinage à La Mecque, effectué en février 2003, alors qu’il était prêté par West Ham au Ittihada de Djeddah. Un club où, de janvier à mai 2003, il a marqué dix buts, décisifs pour le hisser à la tête du championnat saoudien.
Aujourd’hui en retrait, Titi se consacre un peu plus à ses investissements dans l’immobilier à Paris, Marseille et Brest. Côté foot, il pense toutefois à la participation du Sily national à la CAN de janvier 2004 à Tunis, compétition au terme de laquelle il arrêtera sa carrière internationale. Pour finir en beauté, il compte porter haut les couleurs de son pays.
L’attaquant de choc, à la rapidité légendaire et aux dribbles chaloupés, se préoccupe également de son « après-football », sur lequel il n’est pas encore fixé, « à part de vagues idées d’affaires entre l’Europe et la Guinée ». De Saint-Étienne, où il a débuté sa carrière professionnelle à 17 ans, à West Ham, en passant par Lens, Marseille et Liverpool, Titi n’a jamais coupé les ponts avec son pays où il se rend pour les vacances, dans sa maison de Sangoyah, dans la banlieue de la capitale. Il est également resté très proche de sa mère et de ses six frères et soeurs, résidant tous à Conakry, et auxquels il téléphone régulièrement. Le footballeur envisage aussi de créer une Fondation, pour structurer ses nombreuses actions humanitaires, essentiellement destinées aux enfants des rues. Ainsi, en 2001 à Kankan, il a déboursé 60 000 euros pour la construction d’un centre hospitalier. Titi, qui se sent très proche de ses compatriotes, éprouve une réelle amertume face à leurs souffrances. Entend-il contribuer à l’amélioration du quotidien dans son pays, notamment dans les structures du football ? « À certaines conditions, pourquoi pas, répond-il. Je n’ai jamais compris pourquoi l’Afrique importe des entraîneurs du Nord alors que nous avons des gloires du football comme Chérif Souleymane, Bocandé, Salif Keïta Domingo, Antoine Bell, Abédi Pelé… » Des gloires que Titi Camara rejoindra bientôt au panthéon des footballeurs retraités.

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