Maroc : terrorisme, trafic de drogue, immigration clandestine… Le bilan 2021 de la sécurité
La Direction générale de la sûreté marocaine publie ses chiffres de l’année 2021. Au menu : poursuite du démantèlement des cellules terroristes, explosion du trafic de cocaïne, ou encore hausse du chantage sexuel en ligne.
C’est une tradition solidement ancrée. Depuis plusieurs années, sous l’impulsion de son patron Abdellatif Hammouchi, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) présente en décembre l’état des lieux de son action annuelle. Et 2021 ne fait pas exception.
Les services de sûreté nationale marocains ont ainsi traité, durant cette année, 1 153 741 affaires ayant abouti à l’arrestation et la présentation de 1 425 102 individus devant les différents parquets généraux, soit une augmentation d’environ 43 % du nombre de personnes déférées devant la justice et de 36 % du nombre de personnes recherchées et interpellées par rapport à l’année précédente, marquée par l’application des mesures de confinement sanitaire. Des chiffres certes impressionnants, mais à mettre en perspective avec une année 2020 marquée par la pandémie et les divers épisodes de confinement.
Lutte contre le terrorisme, coopération sécuritaire, démantèlement de cellules criminelles, de réseaux de trafic de drogue mais aussi de circuit d’immigration clandestine… Quels sont les points les plus saillants de son activité ? Bilan.
Sécurité renforcée au Sahara
Cette année a été marquée par le regain de tension au Sahara avec le Front Polisario. La sécurité dans la zone autour d’El Guerguerat a été renforcée, avec une augmentation des effectifs de la sûreté nationale à ce poste frontalier, érigé désormais en « commissariat spécial ». Objectif : mieux suivre le mouvement des personnes et des flux de marchandises à travers cet important passage entre le royaume et son environnement africain. La localité a fait l’objet en novembre 2020 d’une intervention des Forces armées royales pour déloger des militants du Polisario qui bloquaient l’accès à la Mauritanie depuis plusieurs semaines.
Quant au district provincial de Dakhla, il a été promu en « Sûreté régionale », caractérisée par une organisation structurelle élargie, et un renforcement au niveau des ressources humaines et des équipements logistiques.
Baisse de la criminalité violente
En ce qui concerne les indicateurs de la criminalité violente, ils ont poursuivi leur baisse enregistrée ces six dernières années, avec l’enregistrement et le traitement de 45 829 affaires de ce genre, ce qui a permis d’arrêter et de traduire 31 188 individus en justice, soit une augmentation d’environ 15 % du nombre de personnes arrêtées.
Saisies record de cocaïne
Les services de sûreté nationale ont traité 82 950 affaires liées à la possession et au trafic illégal de drogues et de psychotropes qui se sont traduites par l’interpellation de 103 589 individus devant la justice, dont 261 ressortissants étrangers.
Grand marqueur de l’année 2021 : la hausse record des dossiers liés à la consommation et au trafic de cocaïne. La DGSN a ainsi mis la main sur 1,43 tonne de poudre blanche en 2021, contre seulement 132 kilogrammes saisis lors de l’année 2020. La saisie exceptionnelle, en octobre 2021 à Tanger, de 1,35 tonne de cocaïne en provenance du Brésil explique en grande partie cette augmentation.
Concernant les autres drogues, 191 tonnes et 158 kilogrammes de chira (haschich) ont été saisies, en recul de 12 % en comparaison avec l’année précédente, alors que les quantités d’héroïne saisies ont atteint 3 kg, en baisse de 64 %.
Au regard des chiffres de la DGSN, la consommation de comprimés psychotropes semble avoir explosé dans le royaume. Les opérations conjointes menées par les services de la sûreté nationale et de la Direction générale de la surveillance du territoire se sont soldées par l’avortement du trafic et de la commercialisation de 1 437 362 comprimés psychotropes, dont 53 756 comprimés de type ecstasy, soit une évolution record de plus de 201 % par rapport à 2020.
Terrorisme : no pasaran
En matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, sur l’ensemble de l’année, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a déféré 38 personnes suspectées d’être impliquées dans des affaires de terrorisme et d’extrémisme au parquet général chargé des affaires de terrorisme.
25 personnes soupçonnées de soutenir Daesh et qui envisageaient de mener des opérations « terroristes » ont été arrêtées
Début décembre, 25 personnes soupçonnées de soutenir l’organisation Daesh et qui envisageaient de mener des opérations terroristes dans le royaume, ont été arrêtées.
Le dernier suspect en date a été interpellé par les éléments du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) à Salé le 17 décembre. Âgé de 24 ans, « c’est un extrémiste partisan de l’organisation État islamique qui a préparé un contenu numérique dans lequel il prête allégeance à l’émir présumé de l’organisation terroriste Daech et qui a planifié de rejoindre les camps de cette organisation à l’étranger avant qu’il ne décide récemment d’adhérer à un projet terroriste au Maroc en utilisant des engins explosifs », indique un communiqué du BCIJ.
- Coopération bilatérale
Cette récente interpellation est le couronnement des relations de coopération bilatérale et de l’étroite coordination entre les services de la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST), la DGSN, les services de renseignements et les agences américaines.
Une coopération qui a débuté il y a plusieurs années, et qui avait déjà été saluée par le département d’État américain, dont le rapport 2020 sur le terrorisme mettait en avant la politique marocaine de lutte contre l’extrémisme violent, faisant observer que « le Maroc a mis en place une stratégie globale en la matière qui privilégie le développement économique et humain, outre la lutte contre la radicalisation et le contrôle de la sphère religieuse ».
« La lutte contre le terrorisme exige une coopération régionale et internationale », n’a d’ailleurs de cesse de marteler le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, comme en juin dernier lors de l’inauguration du siège du bureau du programme des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique (ONUCT), à Rabat.
Lutte contre l’immigration clandestine
Les services de sûreté nationale ont démantelé 150 réseaux criminels s’activant dans l’organisation de l’immigration clandestine, interpellé 415 organisateurs et médiateurs et 12 231 candidats à l’immigration clandestine, outre la saisie de 752 documents de voyage falsifiés, 67 bateaux pneumatiques et 47 moteurs, et 65 véhicules suspectés d’être utilisés à des fins d’émigration illégale d’individus.
Hausse du chantage sexuel sur internet
Si l’année 2021 a été marquée par un recul de 5 % des indicateurs de criminalité liée au chantage et à la fraude électronique, le chantage sexuel sur internet a en revanche enregistré une hausse de 12 %, les services de sûreté nationale ayant traité 498 affaires, ce qui a permis l’arrestation de 270 personnes impliquées, tandis que le nombre de victimes a atteint 508 personnes, dont 95 ressortissants étrangers.
Masques contrefaits, faux pass vaccinaux… Vigilance maximale
Dans le contexte de pandémie, les opérations réalisées en vue de garantir la sécurité sanitaire de l’ensemble des citoyens ont permis la saisie de 409 717 masques contrefaits ou non conformes aux normes de sûreté sanitaire, l’arrestation de 288 personnes suspectées, et l’interception de 28 autres prises en flagrant délit de possession et de commercialisation de 1 383 litres de produits stérilisants suspects ou nocifs pour la santé publique, outre l’ouverture d’enquêtes judiciaires sur instruction des parquets généraux compétents à l’encontre de 162 personnes pour fabrication ou publication de faux contenus liés à l’épidémie de la Covid-19.
Afin d’interdire toute sorte de falsification et de manipulation de documents et de certificats médicaux, les services de sûreté ont traité cette année 203 affaires de ce genre, qui ont abouti à l’arrestation de 390 individus, dont 65 étrangers, et à la saisie de 542 certificats de test PCR falsifiés et de 33 faux pass vaccinaux, en plus de la saisie de 49 018 tests de diagnostic rapide du coronavirus obtenus des opérations de trafic.
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